Altice, maison-mère de SFR, continue d’accroître sa dette. En deux ans, celle-ci a doublé, atteignant bientôt 50 milliards de dollars.
Avec une dette nette de 49,282 milliards d’euros en fin d’année, représentant un taux d’endettement rarement vu de 5,7x l’EBITDA du groupe, Altice pourrait sembler en mauvaise posture pour un observateur quelconque. Que nenni ! Pensez-vous : il n’y a aucune raison de s’inquiéter, selon Dennis Okhuijsen, directeur financier d’Altice. Dans une interview consacrée aux Échos, il joue la carte de la polémique franco-française : « aux États-Unis, par exemple, ce débat n’existe pas et on a l’habitude d’avoir des groupes endettés comme nous ou plus que nous ».
Faisant écho à des propos médiatisés de Patrick Drahi, qui affirmait dormir « beaucoup plus facilement » avec sa dette colossale qu’avec ses « premiers 50 000 francs de dettes », Dennis Okhuijsen le clame : « nous sommes sereins ». « On a un endettement d’un peu plus de cinq fois l’Ebitda, mais on est très confortable avec ça », enchérit-il : « ce n’est pas risqué, car nous remboursons toute cette dette avec notre business plan à 10 ans ».
« Leader » sur la fibre
Pour le directeur financier, donc, toute prise de risque est exclue. Même lorsque le journaliste lui demande ce qu’il se passerait en cas de nouvelle crise économique mondiale, telle que celle des subprimes à l’origine de la faillite de Lehman Brothers. Cela n’aurait qu’un « impact très limité » pour Altice, affirme-t-il : « les banques nous ont déjà prêté l’argent. Quand le marché se referme, le danger existe pour les groupes ayant des dettes à refinancer à court terme, ce qui n’est pas du tout notre cas ».
Le groupe, dont la prochaine grande échéance de remboursement est prévue pour 2022, se vante de générer des « cash-flows massifs » (qui, à l’heure actuelle, permettent juste de rembourser les intérêts annuels de la dette). Sur la fibre, il espère ainsi récolter les fruits de ses investissements car il se prétend « leader sur ce marché, avec Orange ». Oubliant manifestement que, depuis peu, SFR a été contraint d’abandonner le terme « fibre » dans ses communications, lorsque le raccordement se fait finalement en câble coaxial…
En résumé, Dennis Okhuijsen ne semble pas inquiet, malgré l’hémorragie d’abonnés difficile à endiguer chez SFR, la crise sociale chez l’opérateur qui s’apprête à faire partir près de 5000 de ses employés, ou encore la parte de confiance des marchés, qui ont fait perdre au titre plus de 50% de sa valeur en bourse depuis la mi-2015. « Si on le voulait, le marché nous donnerait encore plus de dettes ! », fanfaronne-t-il. On veut bien le croire.
Source : Les Échos