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Restrictions en IPADSL : de Peer en Peer !

 

Nous en avons parlé à plusieurs reprises, et les freenautes sont encore nombreux dans les forums à faire état de différentes limitations qu’ils constatent dans l’utilisation de leur connexion IPADSL.

Pourtant, la QoS appliquée à certaines zones démunies d’une infrastructure propice aux nouveaux usages à très haut débit (les zones non-dégroupées, quoi) n’a rien de surprenant dans le milieu des télécoms, et permet parfois de ’limiter la casse’, là où la situation pourrait devenir bien plus dramatique en heures de pointe…

Ainsi, la VoIP et le trafic HTTP et POP/SMTP, qui représentent les usages ordinaires et majoritaires d’Internet, sont privilégiés au détriment du trafic nécessaire au fonctionnement des applications de téléchargement massif (Les newsgroups binaires, le Peer2Peer)… Ce tri s’effectue de plusieurs façons, comme nous l’avions expliqué il y a plusieurs mois : limitations de vitesse sur certaines plages de ports en fonction de la charge du réseau, filtrage des applications par leur nom, grâce à l’interception des en-têtes de paquets TCP-IP que permettent les routeurs qui équipent le réseau national… Certes, on peut voir cela d’un oeil positif : Grâce à ce type de garde-fous, les services tels que la téléphonie, la navigation et les mails restent accessibles, et ne sont pas perturbés par l’écrasant traffic généré par le Peer2Peer…

On obtient, à plus grande échelle, la QoS qui est mise en place au sein du firmware Freebox depuis des années : Priorité à la téléphonie, pour limiter les echos, puis à la TV, afin d’éviter les freezes, et enfin la bande passante restante est disponible pour l’accès à Internet. Sur le réseau IPADSL, c’est pareil : priorité est donnée aux prestations les plus demandées, qui exigent une qualité de service irréprochable…

 

Mais il y a un hic : Bien que le Peer2Peer soit massivement utilisé pour s’échanger de façon plus ou moins licite une floppée de fichiers musicaux et autres logiciels commerciaux, on peut très bien utiliser cette technologie (car le Peer2Peer est une technique de transfert de données, rappellons-le) à des fins légales et même respectables (diffusion de musiques libres, logiciels gratuits…etc). ’Brider’ ainsi les newsgroups binaires, ou le logiciel ’eMule’ est une réponse technique assez radicale, et difficilement acceptable par les freenautes concernés.

Bref, on oppose ici les utilisateurs traditionnels d’internet, qui attendent une connexion fiable et fluide en soirée, aux geeks freenautes avertis, qui souhaitent utiliser n’importe quelle application normalement sur Internet et à n’importe quelle heure de la journée, sans subir de bridage quelconque, et sans se soucier de l’état de surcharge du réseau national, et encore moins des contraintes financières rencontrées par les opérateurs. Les mécontentements fleurissent dans les forums, Free ne communique toujours pas, malgré la forte demande, sur l’avancement de la situation et les solutions envisagées face à ce problème. Pire : les communications officielles sont si peu nombreuses que beaucoup d’internautes ignorent encore que l’IPADSL est une source de coûts importants pour un FAI, initiant ainsi en de nombreux espaces de discussions, des conversations stériles autour de l’inégalité de l’offre malgré un tarif unique. En viendrait-on à oublier que de nombreux FAI ont quitté les zones IPADSL au fil des mois en 2005, dans un souci de rentabilité ?

Les premiers signes de faiblesse de Free se font sentir dans ce domaine depuis plusieurs mois : Déjà, la coûteuse FreeboxHD n’est pas distribuée aux abonnés non-dégroupés (IPADSL). Dans ces zones, on doit se contenter d’une Freebox v4, sans même pouvoir l’exploiter pleinement, l’offre de collecte ADSL2+ de France Telecom étant une barrière financière visiblement infranchissable pour un FAI grand-public qui propose une offre à moins de 30 euros.

 

Outre les solutions techniques envisagées par les opérateurs, pour réduire les contraintes financières relatives à la fracture numérique, on parle dores et déjà de la neutralité des réseaux, un doux rêve pour le moment qui pourrait devenir réalité dans quelques années… Déjà, un logiciel gratuit destiné à traquer les bridages et les noeuds d’engorgement d’internet est en cours de développement par Dan Kaminsky. « Il pourra […] faire le lien entre l’itinéraire et le type même des données, en déterminant à quelle application elles sont liées. Le programme pourra aussi déterminer précisément où le trafic est altéré, en identifiant même le FAI responsable de cette différence de traitement. » (PC Inpact, 03 Août 2006).

Quoi qu’il en soit, et bien que l’abandon des zones non-dégroupées par Free soit redouté depuis de longs mois par les freenautes à l’écoute de l’état du marché, la fracture numérique continuera de s’accentuer avec le temps. Bien que le dégroupage en masse imminent de certaines zones ’exploitables’ soient envisageable grâce, notamment, à l’offre de fibre noire que France Telecom propose aux opérateurs alternatifs. Les zones d’ombre deviennent de plus en plus consommatrices en bande passante, et deviennent, proportionnellement, des sources de coûts plus importantes… L’avenir des offres IPADSL alternatives dans ces zones est plus que jamais menacé, d’autres opérateurs ayant déjà abandonné ces secteurs depuis longtemps.

 

Et tandis qu’on aborde un sujet pessimiste, une des sombres pages de ce dossier est bien entendu celle des freenautes qui bénéficient mensuellement de 20H d’accès à Internet en RTC grâcieusement offertes par Free, en attendant que leur NRA soit équipé par France Telecom pour l’ADSL. Rappelons que cette offre, lancée en juin 2005, se terminera à la fin de l’année 2006 (« Offre valable jusqu’au 31 décembre 2006, France Télécom s’étant engagé à couvrir 100 % de la population française à cette date. » (Iliad, 23 Juin 2005). Encore un rayon d’espoir qui s’éteint dans les campagnes, à l’époque où les acteurs du marché brandissent fièrement leurs offres triple voire quadruple-play dans les zones denses, rentables et équipées pour le haut-débit.

Pourtant, à quelques kilomètres des timides accès 56K en RTC, le FTTH devient une réalité en métropole…

Encore une fois, les Freenautes non-dégroupés, qui représentent tout de même près de 30% des abonnés Freebox (soit plus de 500.000 foyers aujourd’hui) peuvent être sujets à divers bridages de ports, blocages de logiciels, etc… Et bien que les raisons soient compréhensibles par observation de l’état du marché, il nous semble nécessaire que Free communique de façon officielle sur ce sujet auprès de ses abonnés, parfois excédés.

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