Alexandre Archambault en répondant à un post sur proxad.free.adsl.degroupage explique pourquoi il y a un taux d’erreur de cablage de ligne de 2% lors du dégroupage et en quoi il serait difficile de faire mieux.
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Newsgroups : proxad.free.adsl.degroupage
Subject : Re : [Brina, Guillaume ou Emmanuel]Diodes R/V sur BON31
From : (Alexandre Archambault)
Date : Wed, 11 Feb 2004 11:55:34 +0100
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Selon david dans l’article <[email protected]> :
> > Ce sont des choses qui arrivent, car toute opération comportant une part
> > d’intervention humaine ne pourra jamais s’accompagner d’un taux de
> > réussite à 100% dès le premier coup compte tenu du cahier des charges
> > régissant le dégroupage (produire le plus possible à un cout le plus
> > abordable pour créer les conditions propices d’un essort sur le marché
> > grand public).
>
> Exact mais 2% c’est trop…
Pour qui connait un peu comment est organisé un répartiteur FT, ce taux
[ndlr : 2% est le taux d’erreur de cablage de ligne lors du dégroupage]
n’est pas si élevé que cela quand on sait que la production de masse
dégroupage n’a réellement débuté qu’à l’automne 2002.
Mais on est d’accord, si en valeur relative c’est peu, en absolu, c’est
toujours trop, mais c’est la Loi : il n’est pas possible de demander
dans le cadre du dégroupage nettement plus que ce que FT dispose pour
ses propres besoins.
Car sur IP/ADSL, FT ne vérifie pas ses lignes et connait tout également
des problèmes de câblages qui certes sont moins « visibles » à la
production, hormis pour les problèmes de débits (abonnés 1024 kbps
produits en 128 kbps, et inversement) dans la mesure où
l’authentification s’effectue au niveau logique par login / mot de
passe. Mais ce sont tout autant de bombes à retardement, car ces erreurs
finissent par se révéler en cours de production : ce sont typiquement
les cas d’abonnés qui perdent du jour au lendemain la synchro car en
fait il étaient inversés avec un autre abonné que FT pensait décabler.
Bref, dans une optique de best effort, qui est le fondement même du
secteur télécoms depuis les travaux d’Erlang à la fin du 19eme siècle,
le yakafokon, oubliez tout de suite. Les derniers qui se sont risqués à
une procédure judiciaire contre FT attendent depuis plus de 3 ans que
l’affaire soit tranchée du fait de l’enchainement expertises /
contre-expertises / etc…
> >En effet, si des contrôles de conformité étaient institués sur chaque
> >ligne produite, les délais de production exploseraient et partant de là
> >le volume de ligne pouvant être produites en une journée serait ridicule
> >par rapport à ce qui est proposé actuellement. Ou serait à des tarifs
> >délirants incompatibles avec une offre grand public,
>
> Ca c’est de la tarte à la crème que tu nous sers… As-tu une évaluation
> d’une augmentation démesurée du coût avec des procédures de contrôle plus
> stricte ?
Oui. Un taux de 99,9% implique une vérification *physique* du
jarretiérage et des différents points de coupure, dans la mesure où
l’ADSL est de l’accès, donc géré au niveau physique, contrairement au
service téléphonique qui est géré au niveau de la couche logique. Cela
revient ni plus ni moins qu’à généraliser la procédure d’expertise.
Cela implique donc de monopoliser des ressources au détriment du reste
de la production étant donné que les moyens de production dans un NRA ne
sont pas extensibles à l’infini. Au final, cela débouche sur une hausse
conséquente des coûts de production, et une baisse drastique des
capacités de production. Bref, le retour à une situation que certains
ont connu avant le plan de rattrapage des années 70’s, un temps où il
n’était pas rare d’attendre plusieurs mois, voire années, pour être
raccordé, à des tarifs relativement élevés (de l’ordre de 1000 FRF *de
l’époque* pour un accès au réseau, bon, d’accord, en contrepartie,
l’abonnement était plus faible, de l’ordre de 25 FRF *de l’époque*)
Bref, pas vraiment le meilleur moyen de démocratiser l’accès Haut Débit.
> Entre 0,1% d’erreur et 2% il y a une marge… Ca augmente le coût du
> dégroupage à combien pour obtenir du 0,1% par exemple ?
La construction d’une ligne prend 20 min *en moyenne* (FT constestant
d’ailleurs cette estimation devant le Conseil d’Etat, car d’après FT,
c’est plutôt 40 min). D’après les experts, la vérification préalable
avant recette devrait porter la durée totale de construction à 60 min
(et 100 d’après FT). Et supposer que cela puisse passer en dépit de
l’article D.99-23 du Code des postes et télécommunications (FT
n’effectuant pas des contrôles de conformité a priori sur ses propres
lignes, ça va être difficile de l’imposer dans le cadre du dégroupage),
les dispositions de l’article D.99-24 du même Code précisant que les
tarifs du dégroupage sont orientés vers les coûts et prennent en compte
les coûts pertinents, « c’est-à-dire liés par une forme de causalité,
directe ou indirecte, à l’accès à la boucle locale », cela signifie donc
que les FAS dégroupage passeraient au minimum (car cela ne prend pas en
compte la composante adaptation du SI & formation des intervenants) à
plus de 230 euros HT.
> Ne me dit pas qu’il n’y a pas de solution automatisée pour tester la ligne
> hein !
Dans l’état de l’art, il n’y a pas de procédure permettant d’automatiser
la vérification du câblage avant la recette de la ligne. Attention donc
à ne pas confondre service téléphonique, relativement insensible au bon
alignement des différents tronçons de jarretierage, et services d’accès
au réseau (catégorie à laquelle appartient l’ADSL) qui eux sont
dépendants du bon alignement de ces tronçons.
Les seules vérifications possibles ne peuvent l’être qu’a posteriori sur
signalisation circonstanciée.
Bref, tout ceci pour dire que plutôt de se pignoler pour savoir si 98%
de réussite est inacceptable ou non, et de se rouler par terre à la
jean-kevin sur le thème « on paye, on a tous les droits, puisque c’est
comme ça, vous serez trainés en justice », il nous semble plus judicieux
de faire en sorte que le traitement SAV des quelques 2% en gourrances
soit nettement plus efficace, en terme de délais et de qualité, que ce
qu’on connait actuellement où faute de procédures métiers généralisées,
ça part très vite en vrille.
Déjà, l’automatisation du traitement en amont, un peu sur le modèle de
ce qui a fait ses preuves pour la plateforme de commandes d’accès, de la
signalisation par le GAMOT (qui était jusqu’à présent resaisie
manuellement par les petites mains du GAMOT, avec tous les risques que
cela comportaient en terme de fiabilité des infos retransmises,
notamment le fameux champ commentaires dans lequel sont systématiquement
renseignés le plot nominal et le plot constaté, ainsi que l’invitation à
utiliser le SVI) permettra de réduire la phase « administrative » qui fait
qu’en ce moment, l’AOT intervient environ 6 jours après le dépôt de la
signalisation. Ensuite, la généralisation de la procédure métier
« recours au SVI », par laquelle les techniciens FT sont invités après
avoir shunté une ligne au niveau de la reglette abonnés et constaté une
synchro sont invités à solliciter la plateforme mise à disposition par
Free qui donne accès aux logs DSLAM pour déterminer si la ligne testée
arrive bien au bon endroit, permettra aux équipes terrains de FT d’être
en mesure de traiter dès le premier ticket les problèmatiques d’erreur
de câblage qui, pour l’instant, ne se retrouvent correctement traitées
qu’en expertise.
Et pour qui connait un peu FT, les délais d’implémentation de nouvelles
procédures ne se mesurent pas en jours, ni semaines, mais plutôt
semestres. C’est comme ça, mais une organisation de près de 120 000
personnes réparties sur plus de 12 000 sites et disposant de procédures
de production quasi-gravées dans le marbre ne peut évoluer aussi
rapidement qu’une structure à taille humaine.
Alec,
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