Comme un arrière-goût de Chine ?
Voilà une affaire qui a fait grand bruit outre-Manche.
L’Internet Watch Foundation (IWF) est un organisme, travaillant avec le gouvernement britannique, permettant aux internautes de reporter des contenus potentiellement illégaux (principaux visés : les sites pédopornographiques) afin de créer une liste noire de sites que les fournisseurs d’accès du pays bloqueront.
Ce système de filtrage (que la France souhaite d’ailleurs mettre en place rapidement), s’il part d’une bonne idée, peut se révéler problématique.
Ainsi, tout récemment, c’est une page de l’encyclopédie en ligne Wikipedia qui s’est retrouvée bloquée. Plus précisément, la page de l’album Virgin Killer, du groupe Scorpions. En cause, la pochette de l’album, mettant en scène une jeune fille entièrement nue.
La « menace » a visiblement été prise au sérieux par l’IWF puisque l’image, considérée comme pédopornographique, ainsi que l’ensemble de l’article (sans raison apparente), furent bloqués du jour au lendemain.
Dans une discussion fleuve, les contributeurs de l’encyclopédie relèvent de nombreux points en défaveur de l’action de l’IWF.
Ils dénoncent notamment le fait que l’image soit disponible partout sur le web, y compris sur des sites de vente en ligne et sur le site officiel des Scorpions ; mais aussi, le fait que l’intégralité de l’article ait été bloqué, plutôt que simplement l’image. D’une manière générale, le fait que la pochette date de 1976, et que l’article en lui-même soit loin d’être nouveau, provoque l’incompréhension.
Plus ironiquement, cette affaire de censure a eu l’effet inverse de celui escompté, puisque la médiatisation aidant, la page incriminée a vu sa fréquentation exploser (de l’ordre de 200 fois sa fréquentation habituelle en une journée, selon Wikipedia). Ce phénomène, bien connu des internautes, porte un nom : on l’appelle phénomène Streisand (du nom de la chanteuse, qui avait tenté en 2003 de faire interdire des articles sur sa vie privée et avait obtenu l’effet strictement inverse).
Finalement, devant le scandale grandissant sur le net, la censure finit par être levée, après plusieurs jours de blocage. Cependant, le débat amorcé, lui, continue…
Voir aussi : L’article incriminé sur Wikipedia (en anglais)