Le 8 août, les actions de Warner Bros Discovery ont plongé de plus de 11% ce qui correspond à une dépréciation de 9,1 milliards de dollars de ses actifs télévisuels, suscitant des doutes sur la viabilité de son activité de diffusion. Cette annonce a eu un impact non négligeable, conséquence logique d’un rapport qui a révélé une perte nette de 10 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, bien en deçà des prévisions de Wall Street, malgré une croissance significative du nombre d’abonnés à ses services de streaming.
Les résultats annoncés sont la résultante de la perte d’un contrat clé de diffusion sportive, sur fond de perturbations plus larges causées par le passage au streaming. La fusion entre WarnerMedia (une filiale de AT&T) et Discovery en avril 2022 était à l’origine d’une entreprise de médias de premier plan, mais depuis, la valorisation sur le marché de la société, celle-ci a chuté de plus de 40 milliards de dollars.
Une perte de vitesse inquiétante sur la valorisation
Ross Benes, analyste spécialisé dans la télévision et le streaming chez eMarketer, a souligné que la capitalisation boursière de Warner Bros Discovery est aujourd’hui une infime partie de ce qu’elle était avant la fusion, remettant en question les avantages réels des grandes fusions et acquisitions dans le secteur des médias.
Les actions de la société ont atteint une perte historique jeudi et risquaient de perdre plus de 2 milliards de dollars de valorisation boursière si cette tendance se maintenait. Elles ont déjà perdu plus de 32% de leur valeur cette année, se classant parmi les plus fortes baisses de l’indice S&P 500.
L’incertitude créée par la perte des droits de diffusion des matchs de la NBA renforce une seule et unique crainte : que le déclin du secteur de la télévision linéaire ne s’accélère davantage, selon Matthew Dolgin, analyste chez Morningstar.
Pour le deuxième trimestre, la société a rapporté un chiffre d’affaires de 9,71 milliards de dollars, en dessous des attentes qui tablaient sur 10,07 milliards de dollars. Toutefois, Warner Bros Discovery a vu son nombre d’abonnés directs augmenter, atteignant 103,3 millions à la fin du trimestre, contre 99,6 millions au premier trimestre, grâce à l’expansion de son service de streaming Max dans de nouveaux marchés et à des produits moins chers financés par la publicité.
Paolo Pescatore, analyste chez PP Foresight, a résumé la situation en déclarant : « Les résultats sont décevants, avec de nombreux défis à surmonter. Il n’y a pas de solution simple et une stratégie de redressement claire et concise est plus que jamais nécessaire. »
Le marché des médias n’est vraiment plus le même
La situation financière de Warner Bros Discovery est une illustration parfaite des défis auxquels sont confrontées les entreprises traditionnelles de médias dans un marché en pleine mutation vers le streaming. La dépréciation massive de 9,1 milliards de dollars est un signal d’alarme sur la viabilité des actifs télévisuels à long terme, surtout face à la montée en puissance des services de streaming.
Le secteur de la télévision linéaire, autrefois la pierre angulaire des revenus des grands groupes de médias, voit désormais ses perspectives s’assombrir à mesure que les droits de diffusion sportifs, autrefois lucratifs, sont perdus au profit de concurrents ou deviennent moins rentables.
Le passage rapide des consommateurs vers le streaming met une pression accrue sur Warner Bros Discovery pour que la société réussisse à monétiser efficacement ses plateformes numériques, tout en continuant de produire des contenus attractifs pour ses audiences globales.
Cependant, l’incertitude qui entoure les revenus de la télévision linéaire et la nécessité d’investir massivement dans le streaming pour rester compétitif posent un double défi. D’un côté, l’entreprise doit s’adapter rapidement pour capter le public digital, et de l’autre, elle doit gérer le déclin inévitable des revenus issus des canaux traditionnels.a