Vivendi tourne une nouvelle page de son histoire italienne en cédant 15 % du capital de TIM à Poste Italiane pour 648 millions d’euros. Le groupe français acte donc son retrait progressif d’un opérateur qu’il aura longtemps tenté d’influencer, sans succès durable. La Poste italienne monte ainsi à près de 25 % du capital, sans franchir le seuil déclencheur d’une offre publique. Ce mouvement marque un tournant dans l’actionnariat du premier opérateur historique italien.
Un désengagement acté du groupe Bolloré
Déjà entamée ces dernières semaines, la sortie de Vivendi se confirme avec la cession de ce nouveau bloc d’actions. Avec une part résiduelle de seulement 2,51 %, Vivendi n’a désormais plus de poids stratégique dans TIM, après avoir longtemps été son premier actionnaire. Ce retrait survient dans une série de désaccords profonds sur la gouvernance de l’opérateur, notamment autour de la cession du réseau fixe, que Vivendi jugeait sous-évaluée.
Poste Italiane se renforce sans prendre le contrôle
En rachetant les parts cédées par Vivendi, la Poste Italienne devient l’actionnaire de référence avec 24,8 % du capital de TIM, juste sous le seuil de déclenchement obligatoire d’une OPA. Un seuil que le groupe public dit ne pas vouloir franchir, assurant qu’il ne compte pas monter davantage. Cette montée au capital, permise par un accord préalable avec la Caisse des dépôts italienne, vise selon certains analystes à éviter toute prise de contrôle étrangère sur un actif jugé stratégique par Rome.
Une forme de renationalisation discrète ?
Cette opération, bien que partielle, s’inscrit dans une stratégie plus large de l’État italien visant à garder la main sur les infrastructures critiques. Le précédent de la cession du réseau fixe, sur lequel Vivendi s’était opposé en vain, a révélé l’ampleur des tensions entre le gouvernement italien et le groupe français. En prenant des positions fortes via des entités publiques comme la Poste ou la Caisse des dépôts, l’Italie confirme sa volonté de souveraineté économique, notamment dans les télécoms.
Avec cette cession, Vivendi met fin à une aventure italienne aussi ambitieuse que conflictuelle. Le retrait du groupe français marque une redistribution silencieuse des cartes dans le secteur télécom italien, sous l’égide d’acteurs publics désormais en position de force. Une recomposition stratégique qui pourrait inspirer d’autres États européens dans leur gestion des opérateurs historiques.