…et signe avec Spotify
Universal Music s’en prend au célèbre site français de musique en streaming, Deezer. Ce dernier est accusé de « contrefaçon » par la maison de disque, qui lui reproche d’exploiter son catalogue sans autorisation, faute de renouvellement des contrats depuis le mois de janvier…
Il y a du rififi au pays du streaming. Alors que Deezer avait popularisé, en France, l’écoute gratuite illimitée de musique sur le web, la pression des maisons de disque lui a finalement fait faire marche arrière : après avoir lancé des forfaits premium illimités à 5 et 10 euros par mois, la plateforme limite désormais ses utilisateurs gratuits à 5 heures d’écoute chaque mois.
Une restriction importante, mais pas suffisante, selon la major Universal Music. Celle-ci, par la voix de son PDG Pascal Nègre, réclame une limitation à cinq écoutes maximum par morceau, ce qui contraint l’utilisateur à acheter le morceau, ou un abonnement illimité, pour continuer à en profiter ensuite.
« Nous sommes d’accord sur les prix, mais pas sur les conditions d’exploitation de notre catalogue », explique Pascal Nègre. « Deezer est la seule plateforme au monde à n’avoir pas souscrit à nos conditions. Et ce n’est pas grave, nos catalogues seront présents sur les offres payantes, pas sur le gratuit. C’est tout. »
Le PDG de Deezer, Axel Dauchez, estime de son côté qu’une telle restriction n’a pas lieu d’être : « au bout de la cinquième écoute, le titre disparaît ad vitam æternam. Si on suit cette stratégie, on va perdre la base de nos utilisateurs — environ 20% — qui, eux, ne passeront jamais à l’offre abonnée »…
Soulignant que les contrats « qui auraient dû être renouvelés en janvier » avec la plateforme n’ont toujours pas été finalisés, Universal porte finalement plainte en référé le 10 juin, devant le tribunal de grande instance de Paris, pour « contrefaçon ».
En parallèle, la major a conclu un accord avec le suédois Spotify, leader mondial du secteur : ce dernier s’est plié aux exigences du secteur en mettant en place une restriction à 10 heures d’écoute par mois et cinq écoutes maximum par morceau, pour ses utilisateurs gratuits.
L’avenir semble bien morose pour Deezer : son partenaire et actionnaire Orange pourrait ne pas voir d’un très bon œil le départ du catalogue d’Universal, plus importante major française. D’autant que, de son côté, SFR a officialisé un partenariat avec Spotify, lui permettant de proposer à son tour des abonnements musicaux illimités avec certains de ses forfaits mobiles. Dès lors, peut-on en déduire que Vivendi, maison-mère d’Universal Music et (futur) propriétaire à 100% de SFR, tente de faire barrage à Orange en lui interdisant indirectement l’accès au catalogue d’Universal ?
Source : Le Monde