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Trump et l’antitrust : vers un changement de cap pour Google ?

Alors que les tensions autour des pratiques anticoncurrentielles des géants de la tech continuent de faire la une, Donald Trump, figure marquante de la politique américaine et candidat potentiel pour 2024, pourrait bien infléchir sa position sur le sujet. Parmi les dossiers phares, l’affaire antitrust contre Google, engagée par le département de la Justice (DOJ) en 2020, est devenue emblématique. En cas de retour au pouvoir, Trump pourrait choisir de modifier le cap de cette action, voire de stopper cette bataille juridique contre Google.

Un revirement stratégique

Depuis le début de sa présidence en 2017, Donald Trump s’est montré critique envers les grandes entreprises technologiques, accusées, selon lui, de favoriser les démocrates et de censurer les voix conservatrices. Cet antagonisme idéologique s’est concrétisé par une offensive antitrust qui vise à limiter le pouvoir de ces entreprises sur le marché. En 2020, le DOJ a intenté une action antitrust historique contre Google, l’accusant d’abus de position dominante dans les domaines de la recherche en ligne et de la publicité.

Toutefois, alors que la bataille juridique se poursuit, l’ancien président pourrait reconsidérer cette approche s’il revient à la Maison Blanche. Plusieurs éléments suggèrent que Trump serait susceptible de changer de cap et décider d’interrompre le procès, notamment pour éviter une confrontation prolongée et coûteuse avec l’un des moteurs économiques les plus puissants du pays.

Pourquoi stopper le procès contre Google ?

Renforcer l’économie américaine

L’un des arguments en faveur de l’arrêt de cette action antitrust réside dans l’impact économique de Google. Avec ses services de recherche, de publicité et ses multiples plateformes numériques, Google est devenu un acteur clé de l’économie américaine et mondiale. À l’heure où l’économie des États-Unis fait face à des défis de taille, allant de l’inflation aux tensions commerciales avec la Chine, des mesures qui pourraient affaiblir Google risquent de produire des effets indésirables. De plus, Google emploie des dizaines de milliers de personnes aux États-Unis, et son écosystème soutient de nombreuses autres entreprises, notamment des PME qui dépendent de ses services publicitaires et de référencement pour atteindre leurs clients.

En arrêtant le procès, Trump donc la capacité de soutenir la croissance et l’innovation technologique nationale, une priorité stratégique pour les États-Unis dans un contexte de concurrence mondiale féroce.

Consolider les liens avec les géants de la tech

Le paysage technologique est en mutation rapide, et les relations avec les grandes entreprises technologiques pourraient être un atout dans une stratégie de réélection ou de gestion présidentielle. Bien que Trump ait exprimé des critiques acerbes envers les géants de la tech durant son premier mandat, un retournement stratégique pourrait permettre d’apaiser les tensions avec ces acteurs puissants. Ces entreprises disposent de vastes réseaux d’influence et de ressources qui pourraient jouer un rôle dans la diffusion de ses messages, directement ou indirectement.

Trump devrait également chercher à se positionner comme un candidat favorable à la croissance économique et aux grandes entreprises, contrastant avec les politiques de régulation plus strictes de l’administration Biden. En cessant les actions judiciaires, ce sont des appuis précieux dans le secteur technologique, sans pour autant renoncer à ses critiques idéologiques qu’il a possibilité d’acquérir.

Laisser le marché se réguler lui-même

Un autre argument entre les mains de Trump pour justifier un changement de cap sur le procès contre Google est la régulation par le marché. Selon cette perspective, le marché libre, à travers l’innovation et la concurrence naturelle, finirait par réduire la domination de Google, notamment face à la montée de nouveaux acteurs dans le domaine de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux. En stoppant les poursuites, Trump se positionnerait alors comme un défenseur des principes du marché libre, en accord avec l’aile la plus conservatrice du Parti républicain.

De plus, les concurrents de Google, comme Microsoft, Amazon ou Apple, continuent de renforcer leurs positions dans différents domaines, introduisant une concurrence suffisante pour limiter la domination de Google sans intervention gouvernementale.

Un pari risqué ?

Si Trump décide d’abandonner la poursuite antitrust contre Google, cela risque de susciter des réactions mitigées. Une telle décision signifierait en effet pour certains, un abandon de la lutte pour la protection des consommateurs et des petites entreprises. Les opposants pointeraient du doigt d’éventuels monopoles et blancs seings accordés aux abus de pouvoir qui peuvent en découler. En effet, le procès contre Google est aussi un symbole pour ceux qui s’inquiètent du pouvoir croissant des géants du numérique sur le quotidien des citoyens, et sa suppression génèrera forcément un mécontentement, y compris parmi les républicains.

De plus, il existe un risque de creuser encore plus les inégalités entre les grandes entreprises technologiques et les acteurs de taille plus modeste. Dans ce contexte, l’abandon de cette action pourrait apparaîtra comme une victoire des puissances économiques sur les politiques de régulation visant à garantir une concurrence équitable.

Ou un virage pragmatique ?

Le choix de Donald Trump de modifier ou d’abandonner le procès contre Google, s’il venait à être reconduit au pouvoir, pourrait peut être cependant marquer un tournant dans les relations entre les États-Unis et les géants technologiques. Changement de cap qui serait justifié par une volonté de stimuler l’économie et de protéger l’innovation américaine, mais il s’agirait aussi d’un geste pragmatique pour établir des liens constructifs avec les entreprises de la tech, dont le poids est devenu incontournable.

Cette décision éventuelle est cependant loin d’être anodine et aura des conséquences profondes sur la régulation du secteur technologique aux États-Unis, posant la question de l’équilibre entre croissance économique et protection des consommateurs. En s’engageant dans cette voie, Trump redéfinirait la politique antitrust américaine et l’orienter vers une logique plus favorable aux grandes entreprises, un choix qui pourrait redessiner le paysage de la tech pour les années à venir.

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