Alors qu’il quitte la présidence du Directoire du Groupe M6, Nicolas de Tavernost a annoncé le lancement d’une nouvelle formule de M6, M6+, dès le 6 mars prochain, en lieu et place de 6Play.
Cette nouvelle plateforme s’inscrit tout naturellement dans la mouvance de TF1+ lancée en tout début d’année sur le marché de l’AVoD, alors que curieusement :
- le marché de l’offre streaming traditionnel est encombré ;
- Free a lancé son propre modèle économique avec une offre peu ou prou similaire, il y a maintenant plusieurs mois ;
- TF1 et M6 avaient justement l’ambition de fusionner pour proposer un produit unique plus compétitif en captant 70% des revenus publicitaires ;
- Les deux chaînes ont quitté Salto avec perte et fracas entraînant la fermeture du service.
En réalité, si M6 la joue produit d’avant-garde, la chaîne n’a pas eu d’autre solution que s’adapter à un contexte économique qui est de moins en moins favorable aux offres payantes et aux abonnements traditionnelles tout en maintenant sa télévision linéaire.
» La nouvelle plateforme proposera une offre gratuite de contenus puissante, accessible sur tous les écrans, et offrant une expérience toujours plus innovante » indique M6, qui a profité de l’annonce de ses résultats financiers pour glisser l’information … en matière d’innovation on a certes vu mieux.
Bedrock la clé de voute de cette nouvelle infrastructure.
M6+ sera basée sur l’expertise de Bedrock, plateforme technologique de streaming vidéo utilisée par les diffuseurs et les médias européens pour approximativement 35 millions d’usagers en Europe.
Il s’agit simplement de la branche technologique de M6 dont le Groupe RTL est devenu actionnaire début 2020 à hauteur de 50%. A cet effet, Bedrock a été développée par M6 web pour les besoins de 6Play.
La plateforme a pour objectif de se placer en tête de liste sur le marché européen des nouveaux diffuseurs et médias.
Pour rappel, c’est ce modèle qui a permis de soutenir techniquement Salto ; plateforme à laquelle était affilié M6 avant de prendre la porte avec TF1, ce qui a permis à Bedrock de se lancer dans d’autres partenariats tels que Norsys.
Le Groupe M6 devrait mettre sur la table près de 100 millions d’euros dans le streaming les quatre prochaines années à venir ; un investissement qui serait affecté à la création de contenu, à la distribution ainsi qu’au marketing.
Un projet d’envergure pour rationaliser la gestion des revenus publicitaires.
On l’a bien compris avec le projet de fusion qui était envisagé à la même date, l’an dernier : ce qui motive le rapprochement de M6 de TF1 ou du moins de son modèle économique, c’est une approche nouvelle du revenu publicitaire sur le linéaire et le replay.
Une approche qui devient nécessaire pour supporter la concurrence des majors du streaming de plus en plus dominants face aux outsiders nationaux.
(la branche technologique européenne de M6), qui fournit une plateforme technologique de streaming vidéo (c’était le cas pour Salto), et le groupe M6 va investir jusqu’à 100 millions d’euros dans le streaming entre 2024 et 2028.
Cet investissement touche les contenus, la distribution, la technologie et le marketing. Les annonceurs sont bien évidemment une cible, alors que les revenus publicitaires marquent le pas dans le linéaire et progressent avec le replay.