La Ligue de Football Professionnel (LFP) et CANAL+ poursuivent sans relâche leur lutte contre le piratage des retransmissions sportives. Depuis plusieurs années, ces ayants droit obtiennent régulièrement en justice le blocage de sites illégaux diffusant des compétitions de football, de rugby ou d’autres disciplines. Malgré des mesures de plus en plus rapides, l’offre pirate reste abondante, et les méthodes pour contourner les interdictions se diversifient. Les diffuseurs sportifs ont donc décidé d’élargir leur champ d’action et s’attaquent désormais à un outil bien connu des internautes : les VPN.
Les VPN, maillons clés du contournement
Les Virtual Private Networks (VPN) permettent, entre autres, de modifier son adresse IP et d’apparaître virtuellement dans un autre pays. Jusqu’à présent, CANAL+ et la LFP concentraient leurs efforts sur le blocage direct des plateformes de streaming ou de téléchargement illégal. Cependant, un simple changement de DNS ou l’utilisation d’un VPN suffisait souvent à faire sauter ces restrictions.
Constatant cette facilité de contournement, la LFP et CANAL+ ont déjà tenté de cibler les entreprises qui gèrent des services DNS tiers. Aujourd’hui, ils passent à l’étape supérieure en visant plusieurs fournisseurs majeurs de VPN. Selon les informations disponibles, ils réclament le blocage d’adresses IP associées à NordVPN, Proton VPN, Cyberghost, Surfshark VPN et ExpressVPN. L’objectif : empêcher ces solutions d’accéder aux flux illicites ou de masquer les connexions des utilisateurs.
Des mesures légales sur la base du Code du sport
Pour appuyer cette nouvelle action en justice, les deux acteurs s’appuient sur l’article 333-10 du Code du sport. Cette disposition prévoit que les ayants droit peuvent exiger la mise en place de moyens proportionnés pour faire cesser la diffusion non autorisée de compétitions sportives. En d’autres termes, si la justice donne raison à CANAL+ et à la LFP, les fournisseurs de VPN seraient tenus d’empêcher leurs abonnés d’accéder aux sites incriminés.
Cependant, cette disposition laisse place à plusieurs interrogations : la notion de « mesures proportionnées » reste sujette à interprétation, et l’efficacité d’un tel blocage dépendra de la bonne volonté — ou de la capacité technique — des services VPN à mettre en place ces restrictions. Rien n’assure non plus que d’autres solutions de contournement ne verront pas le jour, compte tenu de la réactivité des pirates et de la nature évolutive d’Internet.
Un blocage temporaire pendant la durée des compétitions
La portée de ces mesures resterait, de surcroît, limitée dans le temps. Si CANAL+ et la LFP obtiennent gain de cause, le blocage devrait prendre fin une fois les championnats et compétitions clôturés, c’est-à-dire au plus tard à la fin du mois de juin. Il est ainsi probable que le bras de fer se répète chaque saison, à moins qu’une solution plus durable n’émerge.
Pour les fans et les acteurs du monde sportif, l’enjeu est aussi financier. L’essor des offres pirates nuit directement à la capacité des diffuseurs de rentabiliser leurs investissements, ce qui peut se répercuter sur les droits télé et, par ricochet, sur les clubs eux-mêmes.
Un jugement attendu… dans plusieurs mois
Bien que la manœuvre des ayants droit paraisse déterminée, la décision de justice ne tombera pas immédiatement. Les procédures engagées en la matière peuvent s’étendre sur plusieurs mois, ce qui pourrait retarder tout verdict au-delà de la saison en cours. Les partisans de la liberté sur Internet y voient l’illustration d’une régulation complexe, où la frontière entre protection légitime des contenus et restriction disproportionnée de l’accès au réseau est sujette à controverse.
Quoi qu’il en soit, ce nouvel épisode confirme la volonté de la LFP et de CANAL+ d’épuiser tous les recours pour faire reculer le piratage sportif. Reste à savoir si les fournisseurs de VPN s’inclineront devant une injonction éventuelle ou s’ils choisiront de contester la mesure pour défendre leurs modèles économiques et la confidentialité des utilisateurs. Dans un environnement numérique en perpétuelle évolution, la question du blocage des flux pirates n’a de toute évidence pas fini d’alimenter les débats.
Un commentaire
A SAVOIR : FREE propose un VPN gratuit via l’application « Free Connect ».
C’est bizarre !!!!
Qu’est-ce qu’on dit?…. « Merci Free!!!! »