Le football français est-il en train de sombrer dans une impasse sans issue ? Le contrat signé entre la Ligue de football professionnel (LFP) et DAZN, son diffuseur principal, enferme la LFP dans une situation inextricable. Une clause interdit en effet à la Ligue de négocier avec d’autres diffuseurs avant décembre 2025, sous peine de subir de nouvelles attaques judiciaires de la part de DAZN. Une contrainte qui prive la Ligue de toute solution de repli en cas de faillite du modèle actuel.
Les tensions financières et judiciaires s’intensifient
Cette crise dépasse les simples considérations contractuelles. DAZN, dont les revenus liés aux droits télévisés se sont effondrés, n’a en tout et pour tout versé que 35 millions d’euros des 70 millions dus en février. Le solde a été consigné sur un compte britannique, plongeant la relation entre les deux parties dans une nouvelle dimension judiciaire. Vendredi dernier, une première audience devant le tribunal des activités commerciales de Paris a soulevé les tensions croissantes entre la LFP et son partenaire défaillant.
Une clause qui verrouille le futur des droits TV
Si l’idée d’un plan B séduit les clubs, elle se heurte à un obstacle juridique de taille. En vertu du contrat, la LFP Médias et la Ligue ne peuvent entamer de discussions avec d’autres diffuseurs avant fin 2025. Ce verrou contractuel inclut potentiellement d’autres plateformes avec laquelle la LFP avait envisagé une collaboration pour lancer sa propre chaîne. Selon L’Équipe, cette restriction est la contrepartie d’une clause de sortie après deux ans si DAZN ne parvient pas à atteindre 1,5 million d’abonnés d’ici décembre 2025. Or, avec seulement 500 000 abonnés à ce jour, l’objectif semble irréalisable en dix mois.
Ce verrouillage juridique a provoqué des débats houleux au sein du collège de Ligue 1. Jean-Pierre Caillot (Reims) et Waldemar Kita (Nantes) ont notamment exprimé leur frustration. Nasser al-Khelaïfi, président du PSG et dirigeant de beIN Media Group, a tenté d’apaiser les tensions, mais les clubs restent inquiets. Toute tentative de négociation avec un autre acteur pourrait donner à DAZN un prétexte supplémentaire pour bloquer ses paiements. Une menace qui plane lourdement sur l’ensemble du football français.
Quelles conséquences pour la Ligue 1 ?
L’incapacité de la LFP à activer un plan B avant 2025 place le championnat dans une position précaire. Un éventuel non-paiement de DAZN mettrait de nombreux clubs en difficulté financière. Pire encore, la Ligue, déjà fragilisée par l’échec du projet Mediapro, semble incapable d’anticiper ses erreurs passées. Si la situation perdure, la Ligue 1 pourrait être contrainte (si elle entend enfin raison) de revoir son modèle économique et repenser entièrement son système de financement basé sur les droits TV.
La LFP peut-elle raisonnablement apprendre de ses erreurs ?
Face à cette crise, la LFP se retrouve une nouvelle fois piégée par ses propres décisions. L’histoire se répète après le fiasco Mediapro, et l’absence de précautions dans la rédaction du contrat avec DAZN soulève de sérieuses questions sur la gouvernance du football français. L’urgence est désormais de trouver une solution viable pour assurer l’avenir de la Ligue 1 sans tomber dans un nouveau gouffre financier.
Alors, comment sortir de cette situation ? Si DAZN continue de ne pas honorer ses engagements, la LFP pourrait tenter d’attaquer son partenaire en justice pour rupture de contrat. Mais cette issue serait longue et incertaine. Une autre solution pourrait être une négociation en coulisses pour anticiper un éventuel échec du partenariat, quitte à repousser officiellement toute discussion à décembre 2025.
L’avenir de la Ligue 1 est suspendu à un contrat dont les termes figent toute alternative. Le football français peut-il encore éviter le naufrage ou est-il condamné à reproduire les erreurs du passé ? Une chose est sûre : le temps presse et l’horloge tourne contre la LFP.
Source l’Equipe