Le projet de la Ligue de Football Professionnel (LFP) de lancer une chaîne 100% dédiée à la Ligue 1 à un tarif de 30 euros par mois est un défi immense mais comporte tout de même d’énormes risque et ce pour de très nombreuses raisons.
Premier point important, le projet consiste à lancer une chaîne 100% dédiée à la Ligue 1, distribuée par divers opérateurs sans exclusivité, incluant Free, Bouygues, SFR, Orange, Amazon Prime Video, Molotov TV et Google TV. Le but est clairement d’éviter un écran noir à la reprise du Championnat le 16 août, en garantissant que les matchs soient diffusés.
Sauf que cela reste dans l’absolu mais dans la pratique, cette fausse bonne idée devrait rapidement se trouver confrontée à quelques difficultés et pas des moindre.
La Ligue peu réaliste sur le marché ?
D’ores est déjà, les opérateurs impliqués proposent de reverser un pourcentage par abonné recruté, mais ne garantissent pas de sommes fixes. Cela signifie que les revenus de la chaîne dépendront entièrement du nombre d’abonnés, ce qui introduit une grande incertitude financière pour la LFP.
Or, ce paramètre permet de fixer un plancher de rentabilité par abonné, fixé à 30€/mois, ce qui pourrait rebuter de nombreux fans, qui ne l’oublions pas ont été habitués ces dernières années aux tarifs du Pass Ligue 1 d’Amazon pour moitié moins. En France, où le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure, ce tarif peut être perçu comme prohibitif, surtout lorsque les alternatives moins chères ou gratuites existent pour les consommateurs.
Parallèlement, la chaîne devra rivaliser avec des plateformes établies comme beIN Sports et DAZN, qui ont déjà une base d’abonnés et des infrastructures en place. Ces plateformes peuvent proposer des offres concurrentielles et attirer des abonnés potentiels loin de la nouvelle chaîne de la LFP avec des programmations spécifiques sorties du chapeau, comme elles en ont le secret.
En marge de ces considérations économiques du côté des abonnés, la capacité de la chaîne à attirer suffisamment d’abonnés pour être rentable est incertaine. Les fans peuvent être réticents à s’abonner à une nouvelle plateforme, surtout si les services existants répondent déjà à leurs besoins. surtout si les habitudes de consommation évoluent vers des options plus flexibles et à la demande.
Le spectre de Mediapro planne toujours
Du coté de la LFP, là également, l’idée est bancale et notamment si l’on met dans la balance le cout d’acquisition des moyens de diffusion, y compris d’une régie, qui représente un investissement initial significatif. Si la chaîne ne parvient pas à atteindre un nombre suffisant d’abonnés rapidement, ces coûts initiaux pourraient ne jamais être récupérés, mettant ainsi en péril la viabilité financière de l’initiative. C’était, pour rappel, le problème de Mediapro…
Enfin, last but not least, lors de la réunion du conseil d’administration, certains membres comme Waldemar Kita ont exprimé des réserves, notamment sur le prix de l’abonnement. Cette hésitation parmi les décideurs clés indique un manque de consensus et de soutien total pour le projet, ce qui peut compliquer sa mise en œuvre et son succès.
Le projet de chaîne 100% Ligue 1 à 30 euros par mois est extrêmement ambitieux mais comporte de nombreux risques entre l’absence de garanties financières de la part des distributeurs, le prix élevé de l’abonnement, la concurrence des plateformes établies et le potentiel de faible adoption, qui sont tout autant de facteurs qui pourraient rendre ce projet très difficile à réaliser avec succès.
Une stratégie plus prudente, surtout au regard de la débâcle de Mediapro il y a quelques années qui a conduit à cette situation, incluant des partenariats avec des diffuseurs existants et des prix d’abonnement plus attractifs, pourrait être nécessaire pour assurer la viabilité à long terme du projet. En d’autres termes, le risque est pris de repartir dans les mêmes difficultés avec des solutions de plus en plus difficiles à mettre en place après avoir braqué au passage, tous les acteurs traditionnels du marché de la retransmission sportive.