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Le marché de la diffusion sportive est-il à redistribuer pour innover ?

L’arrivée de DAZN chez Free comme chez les autres opérateurs, couplée à son départ de CANAL+, marque un tournant significatif dans la diffusion du sport en France, et ce pour plusieurs raisons.

Posons le débat : tout d’abord, DAZN est un acteur relativement nouveau en France, mais il est déjà bien implanté dans plusieurs autres marchés à travers le monde. En s’associant avec des opérateurs majeurs comme Free, Orange, SFR, et Bouygues Telecom, DAZN bouleverse la hiérarchie traditionnelle de la diffusion sportive en France. CANAL+, qui a longtemps dominé ce secteur, perd ainsi l’exclusivité et l’attractivité de la Ligue 1, un de ses piliers historiques.

Cette situation reflète une tendance globale où les plateformes de streaming, souvent plus agiles et innovantes, gagnent du terrain sur les chaînes traditionnelles en proposant des contenus sportifs en direct. En intégrant DAZN à leur offre, les opérateurs télécoms en France donnent un accès simplifié à une plateforme qui propose un large éventail de sports en plus du football, et ce, à des conditions potentiellement plus flexibles et abordables que celles de CANAL+.

Fragmentation et transition numérique en contrepoint pour Canal+

Le retrait de DAZN du bouquet CANAL+ signale également une fragmentation croissante du marché de la diffusion sportive. Les amateurs de sport doivent désormais jongler entre plusieurs abonnements pour suivre l’ensemble des compétitions qu’ils souhaitent voir. Cela accentue la transition numérique, où les consommateurs se tournent de plus en plus vers les services de streaming en ligne plutôt que les bouquets traditionnels.

Cette fragmentation pousse également à une redéfinition du rapport entre les diffuseurs et les consommateurs. Les abonnés sont de plus en plus exigeants et cherchent des services qui offrent une expérience utilisateur fluide, multi-supports, et personnalisable, des qualités souvent mieux maîtrisées par les plateformes numériques comme DAZN.

Les opérateurs et certaines chaînes ont su se réinventer mais cela n’est pas le cas de tous les diffuseurs.

Pour la chaîne cryptée, deux axes : se réinventer ou se redéfinir

Du côté de CANAL+ par exemple, la perte des droits de diffusion de la Ligue 1 via DAZN est un signal d’alarme. La chaîne doit en effet impérativement repenser sa stratégie pour rester compétitive sur un marché de plus en plus dominé par le numérique. Quelques pistes sont cependant exploitables.

Tout d’abord, la chaîne estampillée Bolloré a la possibilité se concentrer sur l’acquisition de droits pour d’autres compétitions sportives moins populaires, mais avec un public fidèle, ou se diversifier dans d’autres types de contenus exclusifs (séries, cinéma, documentaires, etc.) pour renforcer son catalogue.

Développer davantage son propre service de streaming pour concurrencer directement les plateformes comme DAZN, en proposant une offre hybride combinant diffusion linéaire et numérique, et en simplifiant l’accès pour ses abonnés est également une option, le principal étant de se démarquer de toute concurrence avec DAZN de manière frontale ou d’autres acteurs numériques.

Dans cette perspective, CANAL+ pourrait en effet explorer des partenariats ou des accords de diffusion partagés pour éviter une surenchère coûteuse tout en continuant à proposer du sport en direct.

Enfin, en mettant l’accent sur une expérience utilisateur améliorée, des innovations technologiques (comme l’Ultra HD, la réalité augmentée, etc.), et un service client de qualité, CANAL+ pourrait fidéliser ses abonnés actuels et attirer de nouveaux publics.

L’arrivée de DAZN sur les décodeurs des opérateurs et son retrait de CANAL+ marquent une nouvelle ère où le sport en direct se consomme différemment. Il ne reste plus à CANAL+ qu’à se réinventer pour rester pertinent et éviter de perdre encore plus de terrain face aux géants du streaming.

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