Le paysage des droits sportifs en France traverse une nouvelle crise avec le bras de fer opposant DAZN à la Ligue de Football Professionnel (LFP). Le diffuseur britannique, qui détient les droits de la Ligue 1 aux côtés d’Amazon, a annoncé qu’il ne paierait pas la totalité de son échéance de février. Finalement, DAZN a versé 35 millions d’euros, soit la moitié de la somme due, et a placé le reste sous séquestre, invoquant un manque de réactivité de la LFP. En réponse, la Ligue a saisi la justice pour obtenir le paiement intégral.
Cette situation réactive le souvenir du fiasco Mediapro en 2020, lorsque le groupe espagnol, incapable d’assurer ses engagements financiers, avait provoqué une crise des droits TV du football français. DAZN est-il en train de suivre le même chemin ?
Un modèle économique en tension
Le modèle économique de DAZN repose sur une stratégie d’acquisition agressive des droits sportifs et une monétisation via un abonnement mensuel. Cependant, avec seulement 500 000 abonnés en France, le diffuseur est loin de son objectif initial de 1,5 million, condition clé de rentabilité.
En outre, DAZN pointe du doigt le piratage comme un frein majeur à son développement. Selon son directeur France, Brice Daumin, « l’Arcom ne met pas en place les mêmes dispositifs de blocage qu’en Italie », où le Piracy Shield permet de neutraliser 18 000 sites en deux jours. En comparaison, en France, seuls 5 000 liens sont bloqués par an.
Malgré ces difficultés, DAZN assure ne pas vouloir activer la clause de résiliation de son contrat en décembre prochain. Cependant, la LFP pourrait, de son côté, choisir de rompre l’accord si elle estime que l’instabilité financière du diffuseur constitue une menace pour la pérennité de la Ligue 1.
Quel impact sur le marché et les abonnés ?
Cette affaire est un véritable révélateur de la fragilité du modèle des diffuseurs OTT (Over-The-Top), qui doivent conjuguer coût élevé des droits et acquisition massive d’abonnés pour atteindre la rentabilité. Si DAZN venait à se retirer, cela poserait à nouveau la question de la valeur marchande des droits de la Ligue 1 et de leur attractivité pour d’autres diffuseurs.
Pour les abonnés, cette incertitude crée un climat d’instabilité, avec un risque de changement de diffuseur, voire une hausse des tarifs si les droits devaient être redistribués à un acteur unique.
Quelles perspectives pour DAZN et les droits TV en France ?
Les prochains mois seront décisifs. Si DAZN parvient à négocier un accord avec la LFP et à améliorer sa base d’abonnés, il pourra stabiliser sa présence en France. Mais si la plateforme continue de rencontrer des difficultés financières, un scénario à la Mediapro pourrait se profiler, avec une redistribution des droits TV et un retour à une solution mixte impliquant Amazon, Canal+ ou même BeIN Sports.
Dans tous les cas, cette crise souligne la nécessité pour la LFP de mieux sécuriser ses partenaires financiers et de réfléchir à un modèle plus stable pour la valorisation des droits sportifs en France.