La Ligue de Football Professionnel (LFP) a présenté aux membres de son conseil d’administration une initiative audacieuse : la création d’une chaîne entièrement dédiée à la Ligue 1. Or, ce projet ambitieux représente un véritable défi pour l’organisation. Peut-être même trop.
La réunion du conseil d’administration de la LFP, prévue pour discuter des droits télévisés de la Ligue 1 pour la période 2024-2029, devait initialement se tenir en visioconférence ce vendredi matin, plusieurs membres, dont Jean-Pierre Rivière pour l’OGC Nice, ont préféré se rendre en personne au nouveau siège de la LFP, laissant les absents physiques voter à distance.
La phobie de l’écran noir pour la LFP
Le principal sujet de discussion était le plan B de la LFP : une chaîne 100% Ligue 1, distribuée de manière non exclusive par plusieurs opérateurs dont Free.
L’objectif de cette initiative on ne va pas se le cacher, éviter l’écran noir en refusant cependant d’admettre que le projet de la LFP, visant à obtenir 1 milliard d’euros dans le cadre de la négociation des droits de diffusion, était déjà par trop ambitieux et courait forcément à sa perte.
La chaîne serait diffusée via sept distributeurs potentiels : les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) Free, Bouygues, SFR et Orange, ainsi qu’Amazon Prime Video (le diffuseur principal des trois dernières saisons), Molotov TV (un distributeur de chaînes par Internet) et Google TV. Cependant, ces partenaires ne garantissent pas de minimums financiers à la LFP, offrant plutôt un pourcentage par abonné recruté, ce qui est pour le moins gênant quand on a pour ambition de monter un business plan aussi stratégique, et qui a vu les mieux pourvus se casser la figure dans le passé.
Benjamin Morel, directeur général de la société commerciale de la LFP, a détaillé les aspects techniques, éditoriaux et financiers du projet. Selon L’Équipe, des moyens de diffusion, comme une régie, ont déjà été acquis pour garantir le démarrage à temps.
Des alternatives qui sont pour l’heure inexistantes
Les dirigeants du fonds CVC, qui a investi 1,5 milliard d’euros dans la LFP contre 13 % de ses recettes commerciales, ont soutenu cette initiative. Le plan initial, qui consistait en une chaîne 100% Ligue 1 réalisée par beIN Sports et distribuée exclusivement par Canal+, censée générer 700 millions d’euros de recettes annuelles, est au point mort et, selon Canal+, n’a même jamais existé puisque les relations entre Maxime Saada et la LFP sont plus que tendues depuis de quelques années maintenant.
En parallèle, beIN Sports et DAZN, une entreprise britannique cherchant à s’implanter sur le marché français, restent en contact avec la LFP et pourraient éventuellement proposer des alternatives viables. À l’issue du conseil, aucun accord n’a été conclu, et Jean-Pierre Rivère et Marc Keller n’ont même pas souhaité commenter.
Des réactions mitigées du côté des pros
Waldemar Kita président du FC Nantes s’est montré de son côté « séduit » par la présentation de la chaîne, mais a évité de répondre directement sur la question du prix d’abonnement de 25 à 30 euros par mois, qui pourrait décourager les abonnés potentiels. « Vous savez, en France, on n’aime pas parler d’argent, » a-t-il déclaré, manquant un peu de réalisme.
Un propos quelque peu décalé au regard de la problématique du pouvoir d’achat qui revient constamment du côté des éventuels abonnés pas vraiment ravis de mettre une nouvelle fois la main à la poche pour souscrire un abonnement supplémentaire alors que la diffusion aurait pu trouver un format un peu plus économique pour eux en étant couplée par exemple à une autre offre SSVoD ou de streaming, ce qui était le cas auparavant avec Canal+.
Reconnaissant que l’avenir financier de son club dépend de ce projet, il reste toutefois optimiste quant à une solution alternative avec des diffuseurs existants. « On peut parfois avoir des problèmes individuels, mais la sagesse finit toujours par revenir. Moi, j’aime beaucoup Canal+ et j’y crois encore ! »