Depuis plusieurs mois, la rumeur circulait, mais elle est désormais confirmée : le service de streaming Disney+ va quitter les offres Canal+, marquant la fin d’un partenariat de taille. À partir du 1er janvier 2025, les abonnés Canal+ ne pourront plus accéder à Disney+, ni aux chaînes de télévision du groupe Disney via leur abonnement. En outre, les nouveaux films Disney ne seront plus disponibles en avant-première sur Canal+, une perte de contenu significative pour la chaîne cryptée.
Un accord de distribution non renouvelé
The Walt Disney Company a officiellement annoncé, dans un communiqué publié le 4 novembre, la fin de son accord de distribution avec Canal+, un contrat qui permettait aux abonnés de l’offre Ciné Séries d’accéder à Disney+ et de profiter des productions du studio américain quelques mois seulement après leur sortie en salle. Désormais, les films, séries et documentaires Disney ne seront disponibles qu’en exclusivité sur la plateforme Disney+, laissant les abonnés Canal+ sans accès aux dernières nouveautés de Disney, Pixar, Marvel, et Star Wars, entre autres.
« À partir du 1er janvier 2025, les clients de Canal+ ne pourront plus regarder nos nouveaux films ni accéder à Disney+ via leur abonnement. Cependant, l’ensemble de nos productions – films, séries, documentaires – restera accessible directement sur Disney+, » a déclaré Disney dans son communiqué.
Cette décision impacte directement les abonnés de Canal+, qui bénéficiaient jusqu’ici d’une diffusion prioritaire des films Disney grâce à la chronologie des médias française, permettant leur disponibilité quatre mois après leur sortie en salles. La dernière production Disney diffusée sur Canal+ sera donc le film Vice-Versa 2, en décembre.
Canal+ minimise l’impact pour ses abonnés
De son côté, Canal+ a réagi en tentant de minimiser la perte de ce partenariat. Gérald-Brice Viret, Directeur général des antennes et programmes du groupe Canal+, a déclaré sur France Info : « C’est une consommation assez marginale de nos abonnés (…) On n’est pas à l’abri de se retrouver un jour. » Christophe Pinard-Legry, Directeur général adjoint en charge du budget, a également précisé que le groupe n’a « pas trouvé des termes acceptables » pour renouveler cet accord, affirmant que Canal+ souhaite demeurer « accessible d’un point de vue tarifaire ».
Cette prise de distance pourrait s’expliquer par la volonté de Canal+ de préserver une stratégie de prix compétitive, dans un marché où le coût des abonnements aux plateformes de streaming ne cesse d’augmenter, notamment depuis la dernière hausse de tarifs de Disney+ en France.
Les délais imposés par la chronologie des médias et leur potentiel ajustement
La rupture avec Disney+ rappelle l’importance de la chronologie des médias en France, un système de régulation qui définit des délais de diffusion pour chaque type de distribution, du cinéma à la télévision et aux plateformes de streaming. Actuellement, les règles sont les suivantes :
- DVD/Blu-ray/VOD : 4 mois après la sortie cinéma (3 mois si le film fait moins de 100 000 entrées)
- Canal+ / OCS : 6 mois
- Netflix : 15 mois
- Disney+, Amazon Prime Video, Apple TV+ : 17 mois
- TF1, M6, France Télévisions, Arte : 22 mois, avec une exclusivité pouvant aller jusqu’à 36 mois
Avec la fin de cet accord, les films Disney ne seront plus disponibles pour les abonnés Canal+ avant 17 mois après leur sortie en salles, un délai qui pourrait évoluer dans les prochains mois, car des négociations sont en cours pour adapter la chronologie des médias aux nouvelles habitudes de consommation.
Le choix de Disney : une indépendance dans un marché saturé
Pour Disney, quitter l’écosystème Canal+ est un pari sur l’attractivité de sa propre plateforme. En réintégrant tous ses contenus dans Disney+, l’entreprise renforce sa position dans la bataille du streaming en France, où la concurrence ne cesse de s’intensifier, notamment depuis l’arrivée de Max en juin dernier. Cette stratégie d’indépendance vise à capitaliser sur le vaste catalogue de Disney pour attirer directement les abonnés vers sa plateforme, plutôt que de s’associer avec des distributeurs locaux.
L’avenir dira si ce pari sera payant pour Disney, qui mise sur une augmentation de ses abonnements directs en France. Cependant, le marché français, déjà saturé, pourrait rendre cet objectif difficile à atteindre, d’autant plus que les consommateurs sont de plus en plus sensibles au coût de l’abonnement mensuel.
Un bouleversement de l’offre Canal+
Avec la perte de Disney+, Canal+ va devoir repenser son offre pour pallier cette absence et conserver son attrait auprès de ses abonnés. Ce retrait des contenus Disney, y compris les films et les séries phares, représente une réelle coupure pour les fans, qui devront se tourner vers Disney+ pour y accéder. En parallèle, Canal+ pourrait explorer de nouveaux partenariats ou augmenter son investissement dans des productions exclusives, nationales ou internationales, pour se différencier davantage sur le marché.
Une évolution de la chronologie des médias à suivre
En 2025, la chronologie des médias pourrait connaître une refonte, avec un éventuel raccourcissement des délais de diffusion. Si tel est le cas, cela pourrait rebattre les cartes pour les plateformes et les chaînes de télévision, avec des délais réduits pour les sorties de films en streaming. Pour l’instant, Canal+ continue de se positionner comme un acteur majeur de la diffusion en France, malgré la perte de Disney+, et suivra de près ces évolutions pour s’adapter au mieux aux nouvelles attentes de ses abonnés.