La Ligue de Football Professionnel (LFP) et le diffuseur DAZN sont actuellement engagés dans un différend majeur concernant les droits télévisés de la Ligue 1. Ce conflit survient alors que Canal+, acteur historique de la diffusion du championnat français, a choisi de ne pas intervenir dans cette querelle.
Un paiement TRES contesté
DAZN, titulaire des droits de diffusion de la majorité des matchs de Ligue 1, a récemment décidé de ne verser que la moitié de la somme due à la LFP pour une échéance spécifique, soit 35 millions d’euros sur les 70 millions prévus. Cette décision a été justifiée par plusieurs griefs à l’encontre de la LFP.
En premier lieu, DAZN a surévalué le potentiel d’abonnés sur la base des informations fournies par la LFP ce qui rend le contrat infiniment moins rentable que prévu.
Forcément, les tarifs des abonnements ayant été conçus au regard de ces données, c’est l’intégralité du business plan qui est bancal.
Cela n’est pas la seule cause endémique, puisque certains clubs n’auraient pas suffisamment collaboré pour améliorer l’attractivité du produit et des contenus proposés. Ce manque de collaboration a été particulièrement cruel.
Enfin, DAZN reproche à la LFP de ne pas avoir mis en place des mesures efficaces pour contrer le piratage, affectant ainsi les revenus du diffuseur. Ce qui n’est pas nécessairement de bonne foi puisque la LFP n’est pas le seul organe à pouvoir engager une lutte active contre ce piratage, qui est la simple résultante d’un business model mal défini.
En d’autres termes, le chien s’est sévèrement mordu la queue.
En réponse, la LFP a saisi le tribunal de commerce de Paris pour contraindre DAZN à s’acquitter de la totalité du montant dû. Le verdict est attendu le 28 février.
Un précédent inquiétant avec Mediapro et qui aurait du alerter
Ce conflit rappelle le précédent désastre avec Mediapro en 2020, où le diffuseur avait cessé ses paiements, plongeant le football français dans une crise financière. Bien que la situation actuelle présente des similitudes, des différences notables existent.
Contrairement à Mediapro, DAZN a déjà versé une partie des sommes dues et dispose d’une base d’abonnés réelle, bien que moindre qu’espérée. Néanmoins, la perspective d’une nouvelle crise des droits TV inquiète les clubs, déjà fragilisés par la pandémie et les précédents déboires financiers.
Plusieurs facteurs ont conduit à cette situation tendue :
La LFP aurait présenté des projections ambitieuses quant au nombre d’abonnés potentiels, influençant la décision de DAZN d’investir massivement.
Parallèlement, tous les clubs ne se seraient pas investis de manière égale dans la promotion et l’amélioration du produit Ligue 1, affectant l’attractivité globale du championnat.
Pour finir, malgré les efforts pour lutter contre le piratage, la diffusion illégale des matchs reste un problème majeur, réduisant les revenus potentiels des diffuseurs.
Quelles conséquences pour les parties prenantes
Si le conflit perdure, la LFP devra faire face à des difficultés financières accrues, impactant directement les clubs qui dépendent des revenus des droits TV pour leur fonctionnement. Une résolution rapide est donc essentielle pour préserver la stabilité économique du football français.
Côté DAZN, la plateforme risque de voir son image ternie en France, ce qui pourrait affecter son nombre d’abonnés et sa position sur le marché. Une rupture du contrat pourrait également entraîner des pertes financières significatives et compliquer ses relations avec d’autres ligues et fédérations sportives.
Historiquement diffuseur de la Ligue 1, Canal+ a choisi de ne pas participer au nouvel appel d’offres pour les droits domestiques du championnat pour la période 2024-2029, invoquant un manque de transparence dans le processus et une préférence perçue pour Amazon. Cette décision marque une rupture après des décennies de partenariat et pourrait redéfinir le paysage médiatique sportif en France.
Des perspectives d’avenir ?
La résolution de ce conflit est essentielle pour l’avenir de la diffusion de la Ligue 1. Plusieurs scénarios sont envisageables.
En tête de liste, un terrain d’entente trouvé entre la LFP et DAZN en ajustant les termes du contrat pour refléter les réalités du marché.
Mais la piste d’une recherche de nouveaux diffuseurs mérite également d’être exploitée. En cas de rupture, la LFP devrait se tourner vers d’autres diffuseurs, bien que l’intérêt de ces derniers semble limité actuellement.
La LFP pourrait en dernier lieu, envisager de diversifier ses canaux de diffusion, en explorant des solutions numériques ou en créant sa propre plateforme, bien que cela nécessite des investissements conséquents.
Dans tous les cas, il est impératif que les acteurs du football français collaborent pour assurer une diffusion stable et rentable du championnat, garantissant ainsi la pérennité économique des clubs et l’accessibilité du sport pour les supporters.