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Chronologie des médias : Disney+ change la donne

Streaming Partagé sur Disney+

La nouvelle négociation autour de la chronologie des médias, qui encadre la sortie des films sur les différentes plateformes et chaînes de télévision, s’annonce décisive. Jusqu’ici, les chaînes de TV payantes et les plateformes de streaming étaient régies par des fenêtres de diffusion s’échelonnant de 6 mois après la salle (pour Canal+) à 15 ou 17 mois (pour Netflix, Amazon Prime et Disney+). Or, un accord fraîchement conclu permet désormais à Disney+ de diffuser ses nouveautés seulement neuf mois après leur sortie sur grand écran.

Une nouvelle répartition des cartes

Ce raccourcissement marque un tournant dans la rivalité entre services de streaming. Longtemps désavantagée par un délai de diffusion jugé trop long, Disney+ renverse la donne en échange d’une participation plus conséquente au financement des œuvres françaises et européennes (25 % de son chiffre d’affaires en France). Cet engagement représente une hausse notable, puisque la plateforme n’investissait que 4 % de ses revenus pour le cinéma et 16 % pour l’audiovisuel.

Canal+ en posture délicate

Canal+, grand bailleur de fonds du cinéma français, voit ainsi son monopole symbolique de la « fenêtre la plus favorable » remis en cause. Concrètement, certains spectateurs préfèreront sans doute attendre neuf mois pour retrouver les films Pixar, Marvel ou Disney sur la plateforme dédiée plutôt que de passer par Canal+. Dans un contexte de concurrence accrue, la chaîne cryptée menace de réduire son apport à la production tricolore si son avantage historique est trop rogné.

L’équilibre financier du cinéma en jeu

Le système actuel repose sur une logique de contribution : en échange d’une fenêtre de diffusion raccourcie, les diffuseurs investissent dans la création nationale. Or, si plusieurs acteurs diminuent leurs enveloppes, cela pourrait fragiliser l’écosystème global et menacer la diversité des films produits. Avec la signature de cet accord, Disney+ se félicite d’avoir gagné en rapidité d’exploitation, tandis que Canal+ redoute d’y perdre son rôle de mécène. L’ensemble du secteur est concerné, puisque le montant investi par la filière atteint près de 884 millions d’euros pour les œuvres françaises.

Vers un modèle en mouvement constant

Il reste à voir comment les autres plateformes, telles que Netflix ou Amazon Prime, réagiront à cette brèche ouverte en faveur de Disney+. Les décisions prises lors des mois à venir pourraient faire effet domino, contraignant chaque service à renégocier ses délais et ses investissements dans le cinéma français. La signature formelle de la nouvelle chronologie, prévue pour le 4 février, cristallise ainsi tous les enjeux : l’équilibre fragile entre innovation, impératifs économiques et préservation de la richesse culturelle. Les prochains rounds de discussions s’annoncent d’autant plus décisifs pour l’avenir de la diffusion des films en France.

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