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Chronologie des médias : vers un accord CANAL+/Netflix à défaut d’un effort financier ?

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Alors que la chronologie des médias est redevenue un champ de tension entre plateformes et industrie du cinéma, Netflix vient de relancer le débat en saisissant le Conseil d’État. Avec cet accord entre Netflix et CANAL+, les tensions autour de la chronologie des médias ressurgissent. En jeu : la possibilité d’accéder plus rapidement aux films de cinéma sur sa plateforme, actuellement bloquée à 15 mois après leur sortie en salles. Une position que la plateforme juge injustifiée au regard de ses investissements en France.

Netflix revendique un rôle moteur dans le financement de la création française, avec 50 millions d’euros investis en 2023, soit le plus haut montant parmi les plateformes de streaming payantes. Pourtant, les règles de la chronologie se basent sur le pourcentage du chiffre d’affaires réalisé en France, et non sur le montant brut investi. Or, selon les organisations professionnelles du cinéma, Netflix reste en dessous des seuils requis, avec un taux d’investissement autour de 4 %, loin des 6 à 8 % attendus.

Deux issues possibles : un effort financier ou une alliance tactique

Selon les informations du Point, deux scénarios se dessinent dans les discussions en cours. Le premier serait un relèvement volontaire de l’effort de financement de Netflix, qui pourrait porter son taux à 6 ou 8 % du chiffre d’affaires français, ce qui permettrait à la plateforme de se repositionner favorablement dans la chronologie en vertu de cet accord avec CANAL+.

Mais le deuxième scénario, plus inattendu, consisterait en un accord bilatéral entre Netflix et CANAL+. Les deux acteurs ont cofinancé un certain nombre de films récents. En s’appuyant sur cette coproduction, Netflix pourrait bénéficier de la fenêtre de diffusion plus avantageuse de CANAL+, qui est de 6 à 12 mois. Une telle alliance permettrait de contourner temporairement l’immobilisme réglementaire, sans attendre une éventuelle décision du Conseil d’État.

Une fenêtre de tir vitale dans un écosystème en plein transformation

Depuis la révision de la chronologie des médias en 2022, les plateformes tentent de négocier des fenêtres plus favorables, à la mesure de leurs engagements. Mais le secteur reste profondément attaché à la hiérarchie traditionnelle des diffuseurs, où CANAL+ conserve une position privilégiée en raison de son rôle historique de financeur. Et avec le nouvel accord, Netflix et CANAL+ conformément à cette nouvelle chronologie des médias pourraient redéfinir ces dynamiques.

Pour Netflix, il s’agit de trouver un levier politique et économique sans pour autant bouleverser l’équilibre déjà fragile de la filière. L’option CANAL+ est d’autant plus stratégique qu’elle joue sur les zones grises des coproductions pour s’insérer dans une temporalité plus concurrentielle face à Prime Video ou Disney+.

Alors, tactique ou transformation ?

Si aucun accord global n’est trouvé rapidement, la solution CANAL+ pourrait faire jurisprudence, en montrant comment une plateforme internationale peut négocier des espaces de diffusion par d’autres biais que les textes officiels. Pour les professionnels du cinéma, ce contournement poserait la question de la cohérence du cadre actuel. Pour les plateformes, c’est un test de leur capacité à peser dans un écosystème régulé, sans forcément attendre que le cadre évolue à leur rythme.

L’issue de ce bras de fer – Conseil d’État ou partenariat stratégique – déterminera en grande partie la place de Netflix dans la diffusion des films de cinéma en France. Et en effet, l’avenir du compromis entre création, régulation et marché pourrait bien être influencé par cet accord Netflix CANAL+ médias.

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