Médiamétrie commence à s’agacer face au système d’évaluation des audiences mis en place par les plateformes de SVoD, et envisage d’imposer ses propres outils d’ici une année ou deux.
Et ce que les plateformes soient d’accord ou pas.
Car à l’heure actuelle, aucune d’entre elles n’est en capacité de communiquer de manière claire et limpide sur son audience, hormis Netflix, qui seule propose des outils capable d’évaluer le détail des heures passées par ses abonnés devant ses 10 programmes les plus populaires, avec une classification par format et par pays, ce qui pose une difficulté notamment dans le cadre de la chronologie des médias, qui adosse son système de taxation sur les chiffres enregistrés par chaque firme.
Cette situation est valable pour les plateformes diffusant de la création originale, comme celles proposant des retransmissions sportives, comme c’est le cas pour la partie dédiée de Prime Video en Europe, qui a cependant communiqué les statistiques relatives au match ayant opposé Rafael Nadal et Novak Djokovic à Roland-Garros — 3 millions de personnes en France.
Rien cependant s’agissant de la Ligue 1.
Un outil oui mais pas n’importe lequel et issu d’une technologie tierce.
Pour Médiamétrie, ce qui pose une difficulté, c’est surtout le manque de neutralité et d’objectivité de la part des plateformes, qui ne passent que par des outils de mesure internes, sans le concours d’organismes tiers, ce qui commence sérieusement à agacer, provoquant le courroux de Yannick Carriou, pour Médiamétrie, qui pointe du doigt ce manque de transparence dans les colonnes du Figaro.
« Il est hors de question de laisser des acteurs s’automesurer quand ils rentrent en compétition avec les chaînes traditionnelles sur le marché publicitaire« , indique-t-il avec une allusion non dissimulée pour Disney+ et Netflix, qui s’engagent sur la voie d’un nouveau business plan supporté par la publicité.
Si Médiamétrie se montre intransigeant sur le sujet, l’organisme est cependant prêt à discuter des modalités de mise en place d’un système de contrôle, avant la mise en place de deux textes européens qui de toutes manières, vont les y contraindre prochainement : le Digital Market Act et le Freedom Market Act.
Cette insistance n’est pas gratuite et permettrait surtout de relativiser l’impact des plateformes dans le quotidien des utilisateurs, ce qui est d’ores et déjà le cas au Royaume-Uni, où les résultats ont surpris par le caractère minime de leur fréquentation par rapport aux chaînes usuelles.
Une manière comme une autre d’évaluer correctement l’impact des programmes SVoD par rapport aux programmes traditionnels, tout en maintenant le principe de l’exception française en insistant lourdement sur cette nécessité.