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TikTok, théâtre d’une nouvelle escalade entre Pékin et Washington

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Alors que TikTok se trouve depuis plusieurs mois dans le collimateur de la Maison-Blanche, le propriétaire de la plateforme, ByteDance, aurait décidé de freiner ses discussions en vue d’une éventuelle cession de ses activités américaines. Selon un récent article du Washington Post, l’entreprise chinoise attendrait l’aval des autorités de Pékin avant d’aller plus loin, se donnant ainsi le temps d’étudier la stratégie adoptée par les dirigeants chinois.

Un statu quo en attendant la Chine

L’éditeur de la célèbre application de courtes vidéos, utilisée par environ 170 millions de personnes aux États-Unis, se trouverait dans une position délicate : pour éviter une interdiction pure et simple sur le sol américain, ByteDance doit vendre TikTok à un acheteur basé aux États-Unis. Cette obligation procède d’une loi adoptée dans le cadre des mesures de sécurité nationale, et devait initialement prendre effet le 19 janvier dernier. Or, l’équipe de Donald Trump, alors en place, avait laissé planer la menace d’un bannissement si l’application n’était pas cédée dans les délais imposés.

Toutefois, après l’investiture présidentielle, un nouveau décret a accordé un sursis de 75 jours à ByteDance. Dans cet intervalle, la compagnie chinoise pourrait consolider un accord avec l’un des soumissionnaires américains pressentis. Parmi eux, des géants de la tech et d’autres investisseurs se sont montrés intéressés par l’acquisition de cette plateforme à fort potentiel publicitaire et marketing.

Un bras de fer commercial toujours en cours

Malgré les pressions américaines, Pékin n’a pas caché ses réticences. Le gouvernement chinois ne semble pas disposé à céder cette pépite technologique sans contreparties majeures dans le cadre plus large de ses relations commerciales avec Washington. Selon certains observateurs, la Chine préférerait laisser l’application s’éteindre aux États-Unis plutôt que de cautionner une vente forcée, tant qu’un « grand accord » global sur les questions de commerce et de technologie n’aura pas été conclu.

Ce contexte s’inscrit dans une guerre commerciale qui s’envenime régulièrement : la Chine a imposé de nouveaux tarifs douaniers sur des produits importés des États-Unis, en réplique aux dernières mesures prises par Washington. Contrairement à ce qui a été observé avec certains partenaires comme le Mexique ou le Canada, les surtaxes visant les produits chinois n’ont pas été levées.

Un avenir incertain pour TikTok aux États-Unis

Au-delà de la question des droits de douane, c’est le spectre d’un potentiel usage malveillant des données américaines qui inquiète la Maison-Blanche. Les responsables de l’administration sortante avaient alerté à plusieurs reprises sur les risques de sécurité, considérant qu’un propriétaire chinois pouvait, sous la pression de Pékin, accéder aux informations personnelles des utilisateurs américains.

La menace d’une interdiction officielle a déjà entraîné des turbulences : l’application TikTok a brièvement été mise hors service pour les utilisateurs américains, même si cet épisode a été de courte durée. Depuis lors, ByteDance explore différentes pistes pour garantir la continuité de TikTok, mais doit composer avec l’incertitude politique et la complexité diplomatique.

Vers un compromis ?

Reste à savoir si l’administration actuelle maintiendra la ligne dure de la précédente ou si elle cherchera un compromis afin de calmer le jeu commercial avec la Chine. Les négociations pourraient prendre de nouveaux tournants, mêlant relations diplomatiques, impératifs économiques et préoccupations sécuritaires. À ce stade, l’hypothèse d’une fusion ou d’une acquisition partielle n’est pas à exclure.

En attendant, l’application emblématique de ByteDance continue d’occuper le quotidien d’utilisateurs fidèles, sans garantie pour eux qu’elle demeurera accessible outre-Atlantique. Le bras de fer sino-américain demeure donc intact, et TikTok, malgré son succès, pourrait bien en devenir la victime collatérale si aucun accord n’émerge dans le délai imparti.

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