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Telegram : la nouvelle porte d’entrée vers le darkweb ?

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Créée en 2013 comme une alternative sécurisée aux messageries classiques, Telegram s’est imposée comme une plateforme incontournable pour des millions d’utilisateurs à travers le monde. Proposant une communication chiffrée, des canaux publics ou privés, et une interface intuitive, elle est devenue un outil de choix pour les particuliers et les entreprises. Mais cette popularité croissante s’accompagne d’un revers inquiétant : Telegram est de plus en plus utilisée comme un point d’accès simplifié aux activités illicites souvent associées au darkweb.

Le darkweb à portée de main

Le darkweb a longtemps été perçu comme une zone obscure d’Internet, nécessitant des navigateurs spécifiques comme Tor et des connaissances techniques pointues. Cependant, Telegram offre aujourd’hui une voie bien plus accessible pour des activités similaires : trafic de données, vente de produits illicites, et piratage.

Des groupes et canaux publics ou privés hébergent désormais des forums où des acteurs malveillants échangent des informations sur le piratage, vendent des identifiants volés ou encore diffusent des contenus illégaux. Ces espaces sont souvent modérés de façon laxiste, et leur portée est démultipliée par la facilité avec laquelle les utilisateurs peuvent partager des liens d’invitation.

Pourquoi Telegram est-il devenu une alternative ?

Contrairement aux complexités du darkweb, Telegram est facilement accessible depuis un smartphone ou un ordinateur via une application classique. Il n’est pas nécessaire de télécharger des outils spécifiques ou de maîtriser des techniques complexes, ce qui rend cette option attractive pour les néophytes.

Autre « avantage », Telegram propose des discussions secrètes et chiffrées, renforçant le sentiment d’anonymat. Bien que cette fonctionnalité ait été créée pour protéger la vie privée des utilisateurs, elle est détournée par des acteurs malveillants.

Par ailleurs, avec plus de 700 millions d’utilisateurs actifs en 2024, le réseau social fondé par Pavel Duroc permet une diffusion massive d’informations et de contenus. Les canaux publics peuvent atteindre des audiences colossales, rendant la plateforme plus attractive que le darkweb, souvent cloisonné.

Enfin, contrairement aux plateformes comme Facebook ou Twitter, Telegram applique des règles de modération moins strictes, en particulier dans les groupes privés. Cette approche permissive favorise l’émergence de contenus illégaux.

Les activités illicites les plus répandues sur Telegram

Non seulement Telegram est devenu un marché pour les informations volées (cartes bancaires, identifiants, bases de données d’entreprises), mais il est également une référence dans le partage de logiciels piratés, diffusion de contenus violents ou pornographiques interdits.

    Par ailleurs, des groupes offrent des produits allant de la drogue aux faux documents administratifs.

    La réponse des autorités

    Face à cette dérive, plusieurs gouvernements et organisations tentent de contenir la menace. En 2023, Telegram avait été contraint de fermer certains canaux après des accusations de facilitation du terrorisme. Cependant, la nature décentralisée et internationale de la plateforme complique toute action coordonnée.

    Des entreprises, comme Free en France, ont même saisi la justice pour obtenir de Telegram la communication d’informations sur des pirates utilisant la plateforme pour des cyberattaques. Ces demandes mettent en lumière la responsabilité croissante des plateformes de messagerie dans le cyberespace.

    Vers une régulation plus stricte ?

    Si Telegram souhaite maintenir sa réputation et sa base d’utilisateurs, il devra renforcer ses efforts en matière de modération. De nombreux experts appellent à une réglementation internationale des messageries chiffrées, mais cela soulève aussi des questions sur la protection de la vie privée.

    Une frontière floue entre protection et détournement

    Telegram se trouve à la croisée des chemins. Conçue pour offrir un espace de liberté et de confidentialité, la plateforme est aujourd’hui utilisée à des fins contraires à ses valeurs initiales. L’équilibre entre protection des utilisateurs légitimes et lutte contre les abus sera crucial pour l’avenir de Telegram et de ses alternatives.

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