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Russie : le Daghestan et la Tchétchénie bloquent Telegram pour des raisons de sécurité

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L’application Telegram, qui compte près d’un milliard d’utilisateurs à travers le monde, est de nouveau dans le viseur des autorités russes. Deux régions du sud du pays, le Daghestan et la Tchétchénie, ont décidé de bloquer le service de messagerie, invoquant des préoccupations sécuritaires liées à son utilisation par des groupes hostiles à l’État.

Cette décision, annoncée par Yuri Gamzatov, ministre du développement numérique du Daghestan, marque un nouvel épisode dans les tensions récurrentes entre Moscou et Telegram, une plateforme fondée par Pavel Durov, d’origine russe, mais désormais basée à Dubaï.

Telegram, une menace selon les autorités régionales

Les régions du Daghestan et de Tchétchénie, où les services de renseignement russes signalent une montée de l’activité islamiste militante, ont décidé de suspendre l’accès à Telegram en raison de son potentiel d’utilisation par des « ennemis ».

Pourquoi cette interdiction ?

Le ministre du développement numérique du Daghestan a justifié la mesure en expliquant que le blocage avait été décidé au niveau fédéral, suggérant ainsi que le Kremlin pourrait avoir validé cette action, même si Moscou n’a pas communiqué officiellement sur cette décision.

Moscou et Telegram : une relation conflictuelle de longue date

Ce n’est pas la première fois que la Russie tente de restreindre Telegram. En 2018, les autorités avaient déjà tenté de bloquer l’application à l’échelle nationale, en raison du refus de Pavel Durov de remettre aux services russes les données chiffrées des utilisateurs.

Si jusqu’à présent le Kremlin avait renoncé à interdire Telegram à l’échelle nationale, cette interdiction régionale en Tchétchénie et au Daghestan pourrait être un premier signal d’un durcissement plus large.

Telegram, un outil à double tranchant

L’ironie de cette interdiction est que Telegram est très largement utilisé en Russie et sert même à la communication officielle du Kremlin. Le gouvernement y diffuse des annonces, tandis que les médias d’État y possèdent des chaînes suivies par des millions de personnes.

Pourquoi alors s’attaquer à l’application ?

D’emblée, tout simplement parce que Telegram est une plateforme difficile à contrôler. Contrairement à d’autres messageries, Telegram offre en effet un chiffrement compliqué et permet l’anonymat, complexifiant ainsi la surveillance des communications.

Mais Telegram est aussi devenu un espace de mobilisation et un outil clé pour les groupes militants et les mouvements de contestation en Russie et ailleurs.

Pour clore le débat, il existe un enjeu sécuritaire majeur ; les autorités russes redoutant que Telegram ne devienne un vecteur d’attaques terroristes ou d’émeutes, en particulier dans les régions instables du sud du pays.

En bloquant Telegram dans ces deux républiques à majorité musulmane, les autorités cherchent très probablement à freiner la diffusion d’informations non contrôlées et à contenir d’éventuelles mobilisations locales.

Une interdiction temporaire ?

Si l’interdiction semble ferme, le ministre du Daghestan a toutefois laissé entendre que Telegram pourrait être débloqué à l’avenir. Il a d’ailleurs recommandé aux utilisateurs de se tourner vers d’autres messageries, suggérant que le blocage pourrait être provisoire ou partiel.

Cependant, rien n’indique pour l’instant que cette mesure sera levée rapidement. D’autant plus que les VPN permettent de contourner facilement ce type de restrictions, rendant ces blocages souvent inefficaces sur le long terme.

Ni plus ni moins un nouvel épisode dans le bras de fer entre Telegram et la Russie

Cette décision pourrait-elle s’étendre à d’autres régions ou à toute la Russie ? Rien n’est exclu, mais une interdiction nationale reste peu probable, compte tenu du rôle stratégique de Telegram dans la communication gouvernementale.

En attendant, cette nouvelle censure rappelle que les applications de messagerie sont devenues des outils politiques majeurs, que les gouvernements cherchent à maîtriser. Mais face aux VPN et aux alternatives comme Signal ou WhatsApp, une question demeure : une interdiction est-elle réellement efficace dans un monde hyperconnecté ?

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