France Télévisions et Arte pourrait bien faire leur arrivée sur la plateforme Prime d’Amazon, mais sous certaines conditions financières uniquement.
En effet, le géant du e-commerce souhaiterait gagner du terrain au coeur des médias audiovisuels en France et notamment compléter son offre d’ores et déjà bien fournie mais encore un peu vague.
C’est dans cet objectif que la Firme aurait contacté les deux groupes afin de les intégrer dans leur catalogue SVoD non seulement dans le cadre d’une diffusion en linéaire mais également avec leur replay via FranceTV.
Pour rappel, les chaines du service public ont une obligation de distribution, qui ne leur permet pas de s’opposer à une reprise de leurs programmes par des tiers.
Mais cela reste purement théorique, cette obligation, qualifiée de « must cary » et qui est monnaie courante, il serait hors de question que la plateforme, issue du giron du géant du e-commerce, ne passe pas à la caisse pour ce faire.
Et pour cause : les GAFAM sont au coeur du débat de la chronologie des médias et notamment pointés du doigt pour leur manque de précisions concernant les revenus tirés de leurs diffusions mais également celui de la diffusion via les opérateurs sans bourse délier, et un énième passe-droit engagerait plus de questionnements et de troubles que nécessaire.
« On est dans une zone grise de la législation. L’esprit de la loi est de permettre une diffusion large des chaînes publiques. Contrairement à Amazon, les opérateurs télécoms ont fait des investissements pour que leurs services et leurs chaînes soient disponibles sur le territoire. On ne voit donc pas pourquoi Amazon pourrait distribuer gratuitement des chaînes publiques. » peut-on lire à ce sujet dans un article des Echos.
Un risque de s’emmêler les pinceaux au niveau des droits de diffusion.
Toutefois, le paiement d’un droit de diffusion pourrait se révéler à terme également complexe, à partir du moment où le Groupe France Télévisions comme Amazon, bénéficient chacun de droits de diffusion croisés notamment sur les compétitions sportives comme par exemple Roland-Garros, ce qui reviendrait à conférer à Prime, la possibilité de diffuser l’intégralité de la compétition sans rien payer en supplément.
Après la renégociation houleuse des droits de retransmission des matchs de Ligue 1 et 2 après la déroute de Mediapro face à Canal+, le stratagème passerait mal.
Un projet de société de gestion des droits de retransmission devait être mis en place, mais pour le moment il ne se profile rien de concret à l’horizon à ce sujet.
Côté Arte, le problème est différent puisque la programmation est d’ores et déjà accessible via Amazon Prime Chanels ; la reprise des canaux par Prime permettrait sur le territoire français, de bénéficier des chaînes dans le cadre d’un abonnement payant alors qu’elles sont gratuites à l’origine.
Pour l’heure, les tractations intéressent France Télévisions et Arte, mais TF1 et M6, en perte de vitesse au niveau de l’innovation depuis l’échec de peur projet de fusion, pourrait faire l’objet d’une même discussion.
« A ce stade, il n’y a pas encore d’applications sur les télévisions connectées où l’on retrouverait toutes les chaînes de la TNT, avec le direct et le replay, à l’exception de MyCanal. Or, ce sont des drivers d’audience », indique Philippe Bailly pour le Cabinet de Conseil NPA Conseil avec une subtile allusion à l’arrivée des chaînes d’Altice (BFM TV) sur Samsung TV Plus.
Source Les Échos