L’Arcep vient de publier les données issues de son observatoire des services mobiles pour le quatrième trimestre 2024. Les résultats témoignent d’un marché globalement stable, aussi bien en métropole qu’en outre-mer, avec néanmoins des dynamiques contrastées entre les différents segments (résidentiel, entreprise, MtoM). Alors que la croissance du nombre de cartes SIM montre des signes d’essoufflement, certaines tendances de fond se confirment, telles que le ralentissement sur le marché des entreprises ou encore la baisse de la part de marché des opérateurs virtuels (MVNO).
Une croissance globale au ralenti
Au 31 décembre 2024, la France compte 83,8 millions de cartes SIM en service, soit une augmentation de seulement 10 000 cartes au quatrième trimestre. Cette évolution, modeste, fait écho à celle du quatrième trimestre 2023, qui était du même ordre de grandeur. Ce plafonnement s’inscrit dans un contexte d’intensification concurrentielle et de maturité progressive du marché mobile, où de nombreux consommateurs sont désormais équipés de manière pérenne.
La quasi-stagnation observée pourrait également être liée à une plus grande fidélisation des abonnés, soutenue par des offres groupées internet-mobile, ou par un renouvellement d’engagement plus fréquent. Malgré cette stabilisation, la France continue de présenter un taux de pénétration parmi les plus élevés d’Europe.
Tendances en métropole : le reflux des MVNO
En métropole, on dénombre 81,3 millions de cartes SIM (hors MtoM), avec une progression de + 70 000 unités sur le trimestre. Ce rythme de croissance se maintient à un niveau proche de celui du quatrième trimestre 2023, qui affichait + 80 000 cartes. La principale nouveauté provient de l’acquisition d’un opérateur virtuel mobile (MVNO) par un acteur établi du marché, ce qui entraîne mécaniquement une baisse de la part de marché des MVNO.
Cette évolution souligne la difficulté pour certains opérateurs virtuels à pérenniser un positionnement indépendant face aux quatre grands opérateurs présents. Le phénomène de consolidation pourrait se poursuivre dans les prochains mois, compte tenu de la recherche d’économies d’échelle et de la nécessité de financer l’accès aux nouvelles technologies (5G, futures générations de réseaux).
Le marché entreprises : un ralentissement relatif
Sur le marché entreprises, le nombre de cartes SIM continue de croître, mais à un rythme sensiblement moins soutenu qu’auparavant. Malgré ce freinage, la croissance annuelle demeure nettement supérieure à celle du marché post-payé résidentiel (+ 2,8 % contre + 0,5 %). Cette dynamique s’explique par la digitalisation croissante des activités professionnelles, l’adoption d’outils collaboratifs nomades et la multiplication des équipements connectés.
Les opérateurs mobiles trouvent dans ce segment des opportunités pour déployer des offres spécifiques, associées notamment à la 5G, et répondre aux besoins variés des entreprises : gestion des flottes mobiles, accès à des services cloud, et solutions IoT (Internet des objets). Le ralentissement observé au quatrième trimestre pourrait résulter d’une conjoncture économique plus incertaine, poussant certaines sociétés à différer leurs investissements ou à renégocier leurs contrats.
Des résiliations massives en outre-mer
L’outre-mer enregistre, pour la première fois depuis trois trimestres, une baisse du nombre de cartes SIM en circulation. Quelque 60 000 cartes ont été résiliées, essentiellement sur le segment prépayé. Cette tendance peut s’expliquer par plusieurs facteurs : fin d’offres promotionnelles, nettoyage des bases inactives, ou encore migration vers des formules plus adaptées (post-payé, offres groupées).
Les marchés ultramarins font traditionnellement l’objet d’une forte proportion de cartes prépayées, souvent utilisées à des fins temporaires ou saisonnières. La généralisation des offres illimitées et la recherche d’un accès plus stable à internet mobile incitent toutefois une partie de la population à basculer vers des formules post-payées, ce qui contribue à la baisse des cartes purement prépayées.
L’effet d’un « grand ménage » sur les cartes SIM MtoM
Le secteur MtoM (Machine-to-Machine) n’est pas épargné par le phénomène de résiliations. Après une année 2024 marquée par une forte croissance, le quatrième trimestre se distingue par un volume important de cartes inactives clôturées. Cette opération de « grand ménage » peut s’expliquer par une volonté des opérateurs et des entreprises de rationaliser leurs lignes, en désactivant les cartes non utilisées ou hors service.
Le MtoM reste néanmoins un levier majeur de développement pour l’avenir, en particulier pour les secteurs industriels, la logistique ou encore l’automobile connectée. La généralisation de la 5G pourrait par ailleurs stimuler l’essor de ces usages, en offrant des débits plus élevés et une latence réduite, ce qui favorisera des applications plus exigeantes.
Les chiffres de l’Arcep pour le quatrième trimestre 2024 soulignent in fine la maturité grandissante du marché mobile français, caractérisé par une faible croissance et une relative stagnation, tant en métropole qu’en outre-mer. Si la dynamique reste soutenue sur le marché entreprises, le ralentissement est notable sur l’ensemble des segments, y compris le MtoM.
Dans ce contexte, les opérateurs se positionnent davantage sur la qualité de service, la consolidation et l’innovation, plutôt que sur la seule conquête de nouveaux abonnés. La transition vers la 5G, l’optimisation des coûts et la bataille sur les offres groupées constituent autant de chantiers stratégiques pour 2025. Reste à voir si cette stabilisation sera durable ou si un nouvel élan naîtra avec le déploiement de nouvelles technologies et de services inédits.