La frénésie autour de l’intelligence artificielle (IA) a connu un coup d’arrêt brutal mardi, alors que les actions de Nvidia, l’un des poids lourds du secteur, ont chuté de 9,5 %. Une baisse qui a entraîné une perte colossale de 279 milliards de dollars en capitalisation boursière pour l’entreprise, marquant ainsi la plus forte baisse de la valeur marchande d’une société américaine en une seule journée. Cette correction indique que les investisseurs deviennent de plus en plus prudents face à la technologie émergente de l’IA, qui a jusqu’à présent été l’un des principaux moteurs des gains boursiers de l’année.
La chute des actions de Nvidia se place dans un contexte plus large de correction du marché des semi-conducteurs. L’indice PHLX des puces électroniques a dégringolé de 7,75 % mardi, enregistrant sa plus forte baisse en une seule journée depuis 2020. La dégringolade a été déclenchée par une série de données économiques décevantes et une révision à la baisse des attentes des investisseurs concernant les revenus futurs des entreprises technologiques spécialisées dans l’IA.
Nvidia : une ascension et une chute spectaculaires
Nvidia a connu une année phénoménale, avec une hausse de près de 200 % de la valeur de ses actions à son pic en juillet 2024. Cependant, les récentes pertes ramènent cette hausse à 118 % pour l’année. La correction actuelle survient après une présentation de ses prévisions trimestrielles qui n’a semble-t-il pas répondu aux attentes élevées du marché, refroidissant ainsi l’enthousiasme des investisseurs.
Les analystes de BlackRock ont d’ailleurs récemment émis des doutes sur la capacité des revenus générés par l’IA à justifier les énormes investissements en capital réalisés par les entreprises. Ils soulignent la nécessité pour les investisseurs d’évaluer si les entreprises utilisent leur capital de manière optimale dans ce domaine émergent.
Quelques effets en cascade sur l’industrie
Nvidia n’est pas la seule entreprise du secteur à ressentir les effets de cette correction. Intel, un autre géant des semi-conducteurs, a vu ses actions chuter de près de 9 % après une décision prise par son CEO, Pat Gelsinger annonçant un plan de restructuration majeure pour faire face aux difficultés financières de l’entreprise. De même, Broadcom, qui a bénéficié de l’essor de l’informatique par l’IA, a enregistré une baisse de 6,2 % avant la publication de son rapport trimestriel.
Cette versatilité du marché reflète une nervosité croissante parmi les investisseurs quant aux perspectives de l’IA. Bien que l’IA ait été un moteur important de l’optimisme sur les marchés boursiers cette année, les récentes fluctuations montrent que les investisseurs commencent à se poser des questions sur la durabilité de cette croissance.
L’impact des données économiques et des politiques de la réserve fédérale américaine sur un marché très sensible
La chute de mardi a également été exacerbée par les attentes liées aux décisions de la Réserve fédérale américaine concernant les taux d’intérêt. Les investisseurs anticipent une réduction potentielle de 25 points de base corrélativement à l’annonce qui doit être faite le 18 septembre prochain, sur le prochain budget et la politique monétaire adoptée par les USA. Cependant, un nombre croissant d’investisseurs parie maintenant sur une réduction plus importante de 50 points de base, suite aux données indiquant une faiblesse persistante notamment dans le secteur manufacturier.
L’ensemble de ces éléments souligne les challenges auxquels sont confrontées les entreprises technologiques et leurs investisseurs dans un contexte économique incertain. La question reste de savoir si les investissements massifs dans l’IA continueront à rapporter des bénéfices significatifs, ou si l’enthousiasme actuel est simplement un phénomène temporaire.
Les investisseurs, autrefois aveuglés par l’enthousiasme autour de l’IA, commencent à réévaluer la réalité des retours sur investissement dans le domaine de l’IA. Il est désormais vital pour les entreprises de démontrer que les stratégies déployées dans ce domaine, sont non seulement innovantes, mais également financièrement viables sur le long terme.