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Le report du projet de fusion de l’audiovisuel public révèle quelques failles du système

Les logos en trapèzes de francetélévisions

Le projet ambitieux de fusionner France Télévisions, Radio France, l’INA et France Médias Monde connaît un nouveau retard. Initialement prévu pour être examiné cette semaine, l’Assemblée nationale a décidé de repousser la lecture de ce texte à juin, en réponse aux mobilisations et grèves des groupes concernés.

En effet, face à l’annonce de grèves de la part des employés de France Télévisions et Radio France, l’examen a été reporté à ce jour ; mouvements de grève qui témoignent également de l’ampleur de l’opposition au projet de loi visant à créer un « BBC à la française ».

Les enjeux qui se cachent derrière ce report

Un tiers des employés de Radio France et France Télévisions ont fait grève. Selon le syndicat SNJ, 72% des salariés de Radio France et 12% de ceux de France Télévisions ont cessé le travail. Ces chiffres illustrent l’ampleur de la contestation, mais pas uniquement.

En effet, les antennes de Radio France ont été très perturbées, remplacées par de la musique, et Franceinfo a rediffusé des programmes. Ces perturbations montrent l’impact direct des grèves sur le fonctionnement des médias publics.

Au-delà de ça, c’est également en raison d’un encombrement de l’ordre du jour parlementaire que cet examen a été reporté, l’Assemblée nationale se concentrant actuellement sur d’autres priorités, notamment les élections européennes prévues le 9 juin prochain.

Au sein du gouvernement, le climat n’est guère plus réjouissant, puisque le ministère des Affaires étrangères ne souhaite pas inclure France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya dans la fusion, compliquant encore plus la mise en œuvre du projet.

Pourquoi ce report est malgré tout important ?

Le report de l’examen de la réforme de l’audiovisuel public n’est pas simplement une question de calendrier. Il reflète avant tout des tensions et des défis profonds :

Non seulement les grèves et manifestations montrent que les employés et leurs représentants syndicaux estiment que la réforme est précipitée et sert davantage un agenda politique qu’un véritable besoin de réforme, mais également que le principe de la fusion de plusieurs entités publiques dans une nouvelle structure demande une coordination méticuleuse, des ajustements légaux et organisationnels significatifs, et du temps pour assurer une transition en douceur.

Avec une phase intermédiaire visant à créer une holding en 2025 et une fusion complète prévue pour 2026, le temps disponible pour réaliser cette réforme est limité. Chaque report rend l’échéancier plus serré et augmente les risques d’échec.

Mathilde Goupil, déléguée syndicale SNJ à France Télévisions, a de son côté, exprimé les préoccupations des salariés : « On n’est pas contre une évolution de nos médias, mais on ne veut pas que ça se fasse de manière précipitée pour satisfaire l’agenda politique de notre ministre. » Ces propos illustrent également une volonté d’obtenir une réforme plus réfléchie et concertée.

Un député de la majorité a d’ailleurs qualifié le projet de « très mal parti » et cette déclaration reflète le scepticisme croissant quant à la faisabilité du projet dans les délais impartis.

Ce report est par voie de conséquence symptomatique des défis multiples auxquels il fait face. Entre les mobilisations des employés, les désaccords internes au gouvernement, et les contraintes du calendrier parlementaire, la mise en œuvre de cette réforme semble de plus en plus complexe. La réussite de ce projet dépendra sûrement de la capacité du gouvernement à répondre aux préoccupations des parties prenantes et à ajuster son calendrier en conséquence.

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