L’année 2024 s’annonce comme un tournant majeur pour Canal+, à la fois sur le plan stratégique, financier et audiovisuel. En pleine transformation, le groupe dirigé par Maxime Saada doit jongler entre son ambition de devenir un acteur mondial du streaming et les défis liés à la Ligue 1, la chronologie des médias et des résultats financiers sous pression.
Un trimestre en demi-teinte, une action sous tension
Les derniers résultats trimestriels de Canal+ témoignent d’une période délicate pour le groupe. Alors que la société ambitionne d’atteindre entre 50 et 100 millions d’abonnés à l’échelle mondiale, son action a reculé de plus de 2% avant la clôture du marché, plombée par les nouvelles taxes douanières annoncées par Donald Trump. Depuis son introduction en bourse, le titre a déjà perdu 26% de sa valeur, ramenant la capitalisation du groupe sous les 1,7 milliard d’euros.
Maxime Saada a qualifié 2024 d’année « pivot », insistant sur la nécessité d’accélérer la génération de cash dès 2025. Cette stratégie passe notamment par le rachat progressif de Multichoice, la plateforme sud-africaine de télévision payante, un mouvement clé pour renforcer l’internationalisation de Canal+ et son poids en Afrique.
Chronologie des médias : Canal+ baisse son investissement mais préserve sa place
Dans le domaine du cinéma, Canal+ a renouvelé son engagement en faveur du 7ᵉ art avec un nouvel accord conclu avec les organisations du secteur (Blic, Bloc et Arp). Si le groupe reste le premier financeur du cinéma français, il a néanmoins réduit son engagement financier.
- 480 millions d’euros investis sur trois ans, mais avec une répartition dégressive :
- 150 millions d’euros en 2025,
- 160 millions d’euros en 2026,
- 170 millions d’euros en 2027.
Ce nouvel accord permet néanmoins à Canal+ de renforcer son positionnement sur la diffusion, avec une augmentation du nombre de diffusions en linéaire, une extension des périodes de diffusion en non linéaire (VOD, replay),et le maintien de la meilleure fenêtre de diffusion avec un accès aux films six mois après leur sortie en salle.
Ce compromis reflète l’équilibre que Canal+ tente de trouver entre rentabilité et maintien de son influencedans l’industrie cinématographique, tout en allégeant sa charge financière.
Ligue 1 : un retour impossible pour Canal+ ?
Si le cinéma reste un axe clé pour Canal+, le dossier des droits TV de la Ligue 1 reste un point de rupture majeur avec la LFP. Le groupe a confirmé ne pas être intéressé par un retour dans la diffusion du championnat, en raison de conditions économiques jugées inadaptées.
Ce refus de Canal+ marque un revers pour la LFP, qui, après l’échec de Mediapro et la sortie d’Amazon Prime Video, avait confié les droits à DAZN. Problème : la plateforme britannique peine à convaincre, avec seulement 500 000 abonnés et un risque de désistement en fin d’année.
Face à ce vide potentiel, Canal+ aurait pu être une solution de repli pour la Ligue 1, mais la chaîne cryptée semble avoir définitivement tourné la page du championnat français, privilégiant d’autres contenus sportifs plus rentables comme la Formule 1 et le rugby.
Un groupe en pleine transition, mais des difficultés à surmonter
Canal+ évolue dans un environnement concurrentiel de plus en plus féroce, entre les géants du streaming (Netflix, Disney+, Amazon) et les bouleversements du marché de l’audiovisuel. Sa stratégie d’expansion internationale et de rationalisation financière semble cohérente, mais elle s’accompagne de prises de distances avec certains de ses piliers historiques, comme la Ligue 1 ou un engagement moins massif dans le cinéma français.
L’enjeu pour Canal+ en 2025 sera donc de maintenir une croissance rentable, en capitalisant sur ses abonnements à l’étranger et ses nouveaux marchés, tout en préservant son image de marque premium. Reste à voir si cette mutation suffira à enrayer la chute de son action et à rassurer les investisseurs sur son modèle économique à long terme.