L’ascension d’Elon Musk dans la sphère politique américaine, notamment en tant que proche allié du président républicain élu Donald Trump, suscite des espoirs parmi les banques ayant financé son rachat de l’ex-Twitter, désormais connu sous le nom de X. En jeu : 13 milliards de dollars de dettes, toujours détenues par un consortium de prêteurs, dans un contexte où la valeur de ces actifs financiers a été sérieusement érodée par les turbulences que traverse la plateforme.
Un consortium sous pression financière
Morgan Stanley, Bank of America, Barclays, BNP Paribas et d’autres institutions ont accepté de financer l’acquisition de Twitter par Elon Musk en 2022 pour 44 milliards de dollars. Cependant, les changements radicaux opérés par le milliardaire sur la plateforme — allant de licenciements massifs à une révision controversée de la modération de contenu — ont fait fuir de nombreux annonceurs, réduisant ainsi considérablement les revenus publicitaires de X.
Depuis, les banques se retrouvent coincées avec une dette dont la valeur a chuté, le risque de défaut ayant augmenté. Traditionnellement, de tels prêts sont rapidement revendus à des investisseurs. Dans ce cas, le contexte économique incertain et les polémiques entourant Musk ont contraint les prêteurs à conserver la dette, en absorbant des pertes potentielles dans leurs bilans.
Musk et Trump : une alliance tactique pour X ?
La victoire de Donald Trump et la montée en puissance politique d’Elon Musk offrent une lueur d’espoir aux créanciers. Musk, désormais un conseiller influent dans l’administration Trump, a été nommé à la tête d’un département gouvernemental axé sur l’efficacité. Cette proximité pourrait bénéficier à ses différentes entreprises, de Tesla à SpaceX, mais aussi améliorer les perspectives de X.
Trump, dont le compte a été rétabli sur la plateforme par Musk après son interdiction en 2021, est redevenu un utilisateur actif. Les élections récentes ont d’ailleurs permis à X de connaître un pic de trafic, atteignant 46,5 millions de visites le lendemain des résultats. Cependant, l’engagement des utilisateurs s’est vite estompé, et des alternatives comme Threads de Meta continuent d’attirer des anciens utilisateurs de X.
Des perspectives financières encore incertaines
Malgré des signaux positifs, des incertitudes demeurent quant à la capacité de X à retrouver sa rentabilité. Si les revenus publicitaires et le trafic augmentent, cela pourrait encourager les banques à revendre la dette sans subir de pertes massives. Mais des défis subsistent : les divisions politiques exacerbées par la gestion de Musk et la concurrence accrue des nouvelles plateformes sociales pourraient freiner la reprise de X.
Selon Similarweb, bien que X ait bénéficié d’un regain d’intérêt lors de la période électorale, la désactivation de comptes a également atteint un record le 6 novembre, avec 115 000 internautes ayant quitté la plateforme.
Un poids financier pour les banques
Les prêteurs ont déjà dévalué la dette dans leurs bilans, certains ayant provisionné des réserves pour couvrir d’éventuelles pertes. En 2022, les tentatives de vente de cette dette avaient attiré des offres imposant des pertes allant jusqu’à 20 % de sa valeur nominale. Faute de meilleures perspectives à l’époque, les banques avaient préféré conserver ces actifs.
Les prochaines semaines seront cruciales pour X, qui doit bientôt communiquer ses derniers résultats financiers au consortium. Cela pourrait influer sur la décision des banques de maintenir ou non cette dette dans leurs bilans.
Un pari risqué sur l’avenir
Pour les banques, l’équation reste complexe : Elon Musk incarne un entrepreneur visionnaire, mais aussi une source d’instabilité pour X. L’alliance stratégique entre Musk et l’administration Trump pourrait redorer le blason de la plateforme et, par extension, alléger la pression financière sur les créanciers. Toutefois, les analystes rappellent que ce pari reste risqué, tant le climat économique et les dynamiques du marché des médias sociaux sont volatiles.
Pour l’heure, X continue de naviguer dans des eaux troubles, oscillant entre les promesses d’un avenir prospère et les réalités d’un passé qui pèse lourdement sur ses finances.