Alors que les tensions s’accroissent entre Pékin et Washington, la Chine vient d’annoncer une série de mesures ciblées contre plusieurs entreprises américaines. Cette réaction fait suite à l’entrée en vigueur de nouveaux tarifs américains sur des produits chinois, et marque une nouvelle phase dans la guerre commerciale entre les deux géants économiques.
Des sanctions contre des géants de l’Info, de la mode et de l’agro-industrie
Parmi les entreprises visées, la Chine a mis le doigt sur Google, accusé de ne pas respecter la législation anti-monopole locale. Selon l’Administration d’État chinoise en charge de la réglementation du marché, une enquête a été ouverte à l’encontre du géant du numérique, bien que les détails restent flous. Il est rappelé que Google, dont le moteur de recherche est bloqué sur le territoire, ne réalise qu’une infime part de ses revenus mondiaux en Chine et opère par le biais de partenaires locaux.
D’autres secteurs ne sont pas en reste : le ministère chinois du Commerce a inscrit sur sa liste « entité non fiable » PVH Corp, la maison-mère de Calvin Klein et Tommy Hilfiger, ainsi que la société américaine de biotechnologie Illumina. Ces entreprises sont accusées d’avoir adopté des pratiques discriminatoires à l’encontre des acteurs chinois, portant ainsi atteinte à leurs droits et intérêts légitimes. Les entreprises ainsi désignées risquent de lourdes sanctions, allant des amendes à un gel commercial, en passant par la révocation des permis de travail pour le personnel étranger.
Des réactions mais forcément des retombées boursières
Face à ces annonces, les entreprises concernées ont réagi. Google a préféré garder le silence, tandis que PVH, de son côté, a exprimé sa surprise et sa déception, affirmant respecter scrupuleusement les lois en vigueur et souhaitant résoudre le différend avec les autorités compétentes. Illumina, quant à elle, n’a pas commenté la décision. Sur les marchés américains, les actions de PVH et d’Illumina ont reculé d’environ 4 % en pré-marché, contrastant avec une légère hausse de 1 % pour Alphabet, la maison mère de Google.
Quelques mesures tarifaires sur les produits et équipements américains
Parallèlement, Pékin a imposé des droits de douane sur certains produits américains, dont le charbon, le pétrole et des véhicules, en guise de riposte immédiate aux nouveaux tarifs imposés par les États-Unis sur des produits chinois. Une attention particulière a été portée aux équipements agricoles en provenance des États-Unis, avec des droits de douane de 10 % susceptibles d’impacter des sociétés telles que Caterpillar, Deere & Co et AGCO. Ces mesures pourraient également affecter certains modèles de véhicules, comme le Cybertruck de Tesla, qui pourrait être requalifié et soumis à ces droits s’il est considéré comme une voiture de tourisme.
Une escalade qui préfigure des représailles possibles
Les analystes, à l’instar de Capital Economics, estiment que ces actions sont autant d’avertissements quant à la détermination de la Chine à protéger ses intérêts, quitte à recourir à des mesures sévères. Les observateurs avancent que ces sanctions pourraient être temporaires, avec une possibilité de report ou d’annulation des tarifs en fonction des évolutions politiques et économiques. Toutefois, elles témoignent de la volonté de Pékin d’utiliser tous les leviers disponibles pour contrer les initiatives américaines, notamment celles mises en œuvre par l’administration Biden, qui cherche à restreindre l’accès de la Chine aux technologies de pointe.
Vers une nouvelle ère de la confrontation commerciale
Alors que les nouveaux tarifs américains sur les produits chinois entreront en vigueur dès le 10 février, la riposte de la Chine vient intensifier une guerre commerciale qui se concentre désormais sur plusieurs secteurs clés. Les enquêtes sur les pratiques de Google et Nvidia, ainsi que la révision des mesures de sécurité pour les produits d’Intel, illustrent la complexité et l’étendue de ces différends. Dans ce climat de tension, chaque nouvelle mesure pourrait avoir des répercussions significatives sur la concurrence mondiale et la chaîne d’approvisionnement internationale, transformant durablement les rapports commerciaux entre les deux superpuissances.
Ce nouvel épisode de la guerre commerciale sino-américaine illustre la montée en puissance des représailles tarifaires et réglementaires, signalant une époque où la politique économique devient un terrain de jeu pour des stratégies de défense nationale de plus en plus agressives.