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La Chine lance une enquête antitrust contre Nvidia : un nouvel épisode dans la guerre des semi-conducteurs

Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine continuent de monter en puissance. Lundi, Pékin a annoncé une enquête antitrust visant Nvidia, leader mondial des puces pour l’intelligence artificielle (IA) et les jeux vidéo. Cette décision, annoncée par l’Administration d’État pour la régulation du marché (SAMR), est perçue comme une réponse directe aux dernières restrictions américaines contre le secteur chinois des semi-conducteurs.

Des soupçons de pratiques anticoncurrentielles

L’annonce de la SAMR ne précise pas les infractions exactes reprochées à Nvidia, mais souligne une possible violation des engagements pris par l’entreprise lors de son acquisition de Mellanox Technologies en 2020. Ce fabricant israélien de puces avait été racheté sous réserve d’approbations réglementaires strictes imposées par Pékin, notamment des engagements sur les pratiques commerciales en Chine.

Suite à cette annonce, les actions de Nvidia ont chuté de 2,2 % en préouverture à Wall Street. À ce stade, la société américaine n’a pas encore commenté officiellement l’enquête.

Un contexte de représailles économiques

Cette enquête débarque dans un climat de plus en plus tendu entre les deux puissances. La semaine dernière, Washington a intensifié sa répression contre l’industrie chinoise des semi-conducteurs en restreignant les exportations de technologies sensibles vers 140 entreprises chinoises. En réponse, Pékin a interdit les exportations de minéraux critiques tels que le gallium, le germanium et l’antimoine, essentiels pour les semi-conducteurs.

Par ailleurs, plusieurs associations industrielles chinoises ont conseillé aux entreprises locales de limiter l’achat de puces américaines, affirmant qu’elles ne sont « plus fiables ». Cette démarche vise à encourager le recours à des fournisseurs chinois, dans un effort pour réduire la dépendance du pays aux technologies étrangères.

Nvidia, un acteur stratégique pris dans la tourmente

Nvidia, leader incontesté des puces d’IA avec plus de 90 % de parts de marché en Chine avant les restrictions américaines, subit de plein fouet cette guerre économique. Déjà empêchée par les États-Unis de vendre ses puces d’IA les plus avancées à la Chine, la société a dû développer des versions spécifiques, conformes aux contrôles d’exportation.

Cependant, la domination de Nvidia est désormais menacée par des concurrents chinois tels que Huawei, qui gagnent du terrain dans un marché de plus en plus stratégique. En 2023, la Chine représentait environ 17 % des revenus de Nvidia, contre 26 % deux ans auparavant, un déclin qui reflète l’impact des restrictions commerciales et de la montée en puissance des alternatives locales.

Une enquête aux implications majeures

Cette enquête rappelle celle menée en 2013 contre Qualcomm, un autre géant américain des technologies. À l’époque, Pékin avait infligé une amende record de 975 millions de dollars à Qualcomm pour abus de position dominante. La décision actuelle contre Nvidia pourrait s’inscrire dans une stratégie similaire : renforcer la souveraineté technologique chinoise tout en contestant la domination des acteurs américains.

Une escalade qui redessine l’industrie mondiale des puces

Cette nouvelle offensive chinoise illustre l’intensification de la rivalité technologique entre Washington et Pékin. Alors que les États-Unis cherchent à contenir les ambitions chinoises dans les semi-conducteurs, la Chine riposte en ciblant directement les entreprises phares du secteur, comme Nvidia.

Les conséquences de cette enquête pourraient être profondes, tant pour Nvidia que pour l’ensemble de l’industrie mondiale des semi-conducteurs. Elle accentue également les incertitudes dans un marché où la technologie et la géopolitique s’entrelacent de manière de plus en plus complexe.

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