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MWC 2025 : Arthur Mensch (Mistral AI) invite les opérateurs télécoms à devenir de nouveaux géants du cloud

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Le dernier Mobile World Congress, qui s’est tenu à Barcelone début mars 2025, a vu défiler plusieurs têtes d’affiche de l’intelligence artificielle. Parmi elles, Arthur Mensch, dirigeant de la jeune pousse française Mistral AI, a animé une table ronde le 4 mars en pointant les opportunités qu’ont aujourd’hui les opérateurs télécoms pour se transformer en véritables “hyperscalers” du numérique.

Les opérateurs télécoms en quête de nouveaux horizons

Selon le cofondateur de Mistral AI, les opérateurs européens disposent déjà de cartes maîtresses : la fibre optique, l’expertise technique et l’accès à un réseau électrique fiable. Autant de facteurs-clés pour construire des data centers de pointe, indispensables aux usages intensifs de l’IA. « Investir dans un centre de données dédié à l’IA n’est pas si différent de déployer un réseau de fibre optique », a-t-il souligné, tout en rappelant le besoin de compléter ces installations par des puces et des solutions logicielles adaptées.

Des projets communs pour booster la compétitivité

Le dirigeant de Mistral AI a profité de son passage au MWC pour évoquer les partenariats récents signés avec deux poids lourds français. Le premier, conclu avec Orange, vise à accélérer la maintenance prédictive ainsi que l’optimisation du déploiement de la fibre. Le second, annoncé avec Free, s’intéresse davantage à l’aspect “grand public” de l’IA, notamment l’intégration d’assistants conversationnels performants sur mobile.

L’objectif ? Automatiser au maximum les processus coûteux pour les opérateurs, comme la planification des interventions techniques et l’organisation de la hotline, afin de réduire les dépenses de fonctionnement. Outre la dimension industrielle, cette démarche offre aussi une perspective plus large : donner aux utilisateurs finaux des outils IA simples et puissants, pour changer leur quotidien.

Mistral AI : une montée en puissance en France

Mistral AI mise sur ses propres infrastructures en France pour servir de preuve de concept. Arthur Mensch vante “l’excellence du réseau électrique et la compétitivité des tarifs” de l’Hexagone, couplées à la disponibilité de compétences solides. Grâce à ces data centers maison, la startup se place en amont de la chaîne de valeur, et souhaite démontrer qu’elle peut collaborer avec les opérateurs télécoms pour bâtir un écosystème complet, depuis la couche matérielle jusqu’aux services à forte valeur ajoutée.

L’Europe se réveille

Sur le plan continental, les dynamiques semblent s’accélérer : Bruxelles a récemment annoncé un engagement massif pour soutenir l’intelligence artificielle et la construction de centres de données, tandis que plusieurs dizaines d’entreprises européennes se regroupent sous forme de partenariats public-privé. Selon Arthur Mensch, ce revirement résulte notamment d’une prise de conscience face à la dépendance envers les technologies américaines, volatile et parfois restreinte par les aléas politiques.

Du côté de la France, le président Emmanuel Macron a dévoilé un plan d’investissement de plus de 100 milliards d’euros pour doper les infrastructures nécessaires à l’IA générative. La somme provient de multiples sources : fonds souverains étrangers, investisseurs nord-américains et canadiens, mais aussi grands groupes français. Il s’agit d’une première en termes d’ampleur, signe que Paris compte pousser l’innovation locale à un niveau compétitif.

Une régulation… et une fragmentation

La question de la régulation de l’IA reste cependant un casse-tête. Malgré les initiatives de la Commission européenne pour encourager la recherche, les règles envisagées sont jugées contraignantes par certains. Timotheus Höttges, PDG de Deutsche Telekom, réclame d’ailleurs une approche plus proche de celle des États-Unis, centrée sur la réduction des coûts. Arthur Mensch relativise : « Le vrai frein, c’est la fragmentation : 27 pays, plusieurs opérateurs par pays, cela entraîne d’innombrables discussions. »

Cependant, il insiste sur le fait que la régulation n’est pas le seul obstacle : d’après lui, l’Europe n’a plus d’autre choix que d’innover massivement pour rester dans la compétition internationale. De plus, Mistral AI travaille avec les autorités pour trouver des compromis. « Ce n’est pas le principal problème » affirme Mensch. L’attention doit davantage se porter sur la capacité à mener de grands projets et à mutualiser les efforts.

Avec son discours, le patron de Mistral AI plaide pour un sursaut européen conjuguant infrastructures, technologie et partenariats audacieux. Les opérateurs télécoms, forts d’un savoir-faire historique en matière de réseau, sont placés en première ligne pour se muer en géants du cloud et répondre aux besoins exponentiels de l’intelligence artificielle. Pourvu que les États, les entreprises et les régulateurs parviennent à s’accorder, l’Europe pourrait bien rattraper son retard et offrir au monde une nouvelle génération de services IA — made in EU.

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