Les tensions rencontrées en début d’année entre Huawei et l’Administration Trump, stigmatisées par le décret américain sur la sécurité nationale, ont très largement impacté la conception des nouveaux produits présentés hier lors de la conférence tenue à Munich et notamment le Mate 30 et le Mate 30 Pro.
Et en première ligne, l’absence du portail d’applications Google Play Store sur Android même si une version open source de l’OS est implémentée.
Or, les deux modèles concernés n’opèrent pas réellement une tarification entrée de gamme et pour cause, la technologie dont ils sont dotés ne peut en aucun cas présumer un produit qui mériterait d’être bradé pour ce seul et unique motif.
Question d’habitudes de la part du consommateur qui hésite à se laisser séduire par un catalogue différent et ça, Huawei en a bien pris conscience.
Un programme lourd en investissement financier comme en ressources humaines.
C’est dans cette perspective que l’équipementier a lancé un appel à la communauté des développeurs s’intéressant à sa technologie, en posant sur la table, 1,5 milliards de dollars dans les livres de son programme dédié, le Huawei Developper Program , qui compte à l’heure actuelle environ 1,3 millions de membres.
Le challenge n’en demeure pas moins intéressant, bien au contraire, puisqu’il ne s’agit en aucun cas, au cœur de la volonté de Huawei, de concurrencer Google mais de proposer sa propre technologie et ses propres produits, à l’instar de Harmony OS qui a été la grosse surprise de l’été malgré les 7 années consacrées à son développement par la firme de Shenzen et qui a pour ambition de représenter un véritable écosystème open source déployable sur d’autres terminaux que les siens.
Une volonté de révolutionner les habitudes en jouant sur le boycott.
Une alternative véritablement concurrentielle à Android qui laisse entendre une réelle volonté de changer les habitudes de consommation et s’implanter sur un marché qui lui est fermé par les dispositions de l’administration Trump.
La direction prise par Huawei vers le développement hardware, son intérêt pour l’intelligence artificielle par le développement de son cluster IA Atlas 900 ainsi que son ouverture vers les autres équipementiers confirme la finesse stratégique de la firme, qui bien loin d’adopter une position de repli par rapport à la « sanction » américaine, en profite pour développer ses produits et affirme une véritable volonté d’indépendance vis-à-vis de Google.
Indépendance confortée par le portefeuille de contrats commerciaux (pas moins de 60 selon ses affirmations) qu’elle a conclus malgré le boycott US et qui la placent en concurrente sérieuse dans le cadre du déploiement 5G sur lequel Huawei se positionne en toute sérénité après une course effrénée qui arrive à son terme.