Alors que le débat dur l’entretien des réseaux se poursuit, la position des GAFAM sur le cloud vient un peu sur le devant de la scène, avec une étude publiée par Synergy Search Group sur le sujet.
Et l’analyse qui est livrée est édifiante, avec la mise en évidence d’une captation par Amazon Web Services (AWS), Microsoft Azure, Google Cloud de près des 3/4 du marché européen des entreprises, face à des opérateurs de plus en plus impuissants.
En d’autres termes, on est très loin des ambitions affichées par les entreprises européennes comme des institutions gouvernementales, pour imposer une souveraineté numérique malgré une multiplication par 5 du marché sur les 5 dernières années, soit 2,5 milliards d’euros par année, ce qui correspond à un chiffre d’affaires de 10,4 milliards d’euros sur le deuxième trimestre de l’année 2022.
Contradictoirement, les parts de marché des fournisseurs de cloud européen ont perdu 14 points sur cette même période, passant de 27 à 13% ; situation hautement bénéficiable aux GAFAM, qui le saturent à près de 75%.
Si d’autres entreprises sont également en lice, ce n’est cependant que loin derrière avec IBM ou bien encore Oracle, qui ont pourtant une longueur d’avance par rapport aux vrais acteurs du cloud européen come SAP ou Deutsche Telekom avec 2%, ce qui est révélateur d’une vraie problématique : le manque d’investissement des opérateurs européens dans les infrastructures cloud malgré des projets intéressants comme GAIA-X, qui avait vocation de concentrer l’ensemble des services cloud sur le Vieux Continent et de proposer des solutions permettant de ne pas faire appel aux géants du net américains ou bien encore asiatiques, de plus en plus présents et compétitifs.
Rentabilité, investissements et cohésion, au soutien de la concurrence américaine.
« Le marché du cloud est un jeu d’échelle où les futurs dirigeants doivent placer d’énormes paris financiers, doivent avoir une vision à long terme des investissements et de la rentabilité, doivent maintenir une détermination ciblée pour réussir et doivent constamment atteindre l’excellence opérationnelle. Aucune entreprise européenne ne s’est approchée de cet ensemble de critères et le résultat est un marché où les six leaders sont tous des entreprises américaines » d’après le rapport rendu par le cabinet d’analyse Synergy Research.
Or, les acteurs européens du cloud sont confrontés à une difficulté majeure : le manque de cohésion et des difficultés à s’entendre, ce qui commence à leur porter sévèrement préjudice en marge des investissements massifs réalisés par la concurrence américaine contre 7 milliards d’euros les mois passés pour les majors du cru.
« Les fournisseurs américains de services de cloud computing continuent d’investir plus de 4 milliards d’euros chaque trimestre dans les programmes d’investissement européens » clôture le rapport rendu.
Une situation un peu inquiétante et qui ne permet pas de gagner du terrain face aux américains ou à l’Asie, malgré des ambitions non dissimulées.