Google se trouve actuellement confronté à un double défi : d’une part, les enquêtes antitrust en cours menées par les régulateurs américains, et d’autre part, l’ascension rapide d’OpenAI, fondée par Sam Altman. Alors que la décision récente des autorités américaines, qui ont statué sur le fait que Google avait établi un monopole illégal dans le domaine de la recherche, est perçue comme une victoire pour les régulateurs, une autre menace plus immédiate et potentiellement déstabilisante se profile : l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la recherche, incarnée par des outils comme ChatGPT d’OpenAI.
L’importance de l’IA pour l’avenir de la recherche est essentiel, comme l’explique Arvind Jain, ancien ingénieur chez Google pour Reuters. Selon lui, l’IA modifie fondamentalement la manière dont la recherche fonctionne, surpassant même l’impact des décisions réglementaires, qui prennent du temps à produire leurs effets.
Bien que Google détienne environ 90 % du marché mondial de la recherche, générant quelque 175 milliards de dollars de revenus annuels, l’entreprise doit maintenant faire face à un environnement en rapide mutation, où l’IA pourrait redistribuer les cartes.
L’IA : une menace croissante pour la suprématie de Google
Cette influence croissante de l’IA sur la recherche est accentuée par le partenariat entre Apple et OpenAI. Apple, qui avait jusqu’à présent confié à Google la tâche de moteur de recherche par défaut sur ses appareils, explore désormais des alternatives alimentées par l’IA, telles que ChatGPT. Une évolution qui est susceptible de marquer la fin d’une ère de « traitement préférentiel » pour Google, même avant que les affaires judiciaires antitrust ne soient résolues.
L’impact potentiel de l’IA sur la domination de Google est renforcé par les déclarations d’anciens cadres de l’entreprise, qui estiment que l’IA évoluera plus rapidement que les actions engagées et abouties par le ministère de la Justice contre la filiale d’Alphabet.
Une perspective qui souligne la menace existentielle que l’IA représente pour le modèle de recherche traditionnel de Google.
Malgré les vastes ressources du moteur de la firme, y compris son modèle de langage avancé et son moteur de recherche dominant, l’entreprise semble disperser ses efforts dans sa réponse à l’IA, notamment face à la montée en puissance d’OpenAI, qui capte l’attention des jeunes utilisateurs. La popularité soudaine de l’IA générative a pris Google de court, en dépit du fait que l’entreprise était à l’origine de nombreuses avancées dans ce domaine.
Le lancement tardif de produits grand public basés sur l’IA, bien après l’explosion de ChatGPT, en est un exemple frappant.
Les faux pas de Google en matière d’IA pourraient précipiter sa propre chute
Rebecca Wettemann, PDG de la société de recherche Valoir, alerte sur le fait que la plus grande menace pour Google pourrait être Google lui-même. L’adoption réussie de l’IA dépend de la confiance des utilisateurs, et les premiers faux pas de Google, tels que les erreurs dans les résumés automatisés des recherches, ont ébranlé cette confiance. Ces résumés, censés fournir des réponses immédiates avant les liens de recherche, ont été critiqués pour des inexactitudes flagrantes, ce qui a conduit Google à réduire cette fonctionnalité.
Gil Luria, analyste chez D.A. Davidson, souligne que l’examen réglementaire de Google et la montée de l’IA sont intrinsèquement liés. Les régulateurs cherchent à empêcher Google d’étendre sa domination dans un marché en évolution rapide, où l’IA pourrait jouer un rôle clé. Richard Socher, PDG de You.com, estime de son côté que bien que la décision antitrust pourrait ouvrir le marché à de nouveaux acteurs, la fin de la suprématie de Google dans la recherche sera un processus extrêmement difficile.
En fin de compte, la question reste de savoir si l’IA, représentée par des acteurs comme OpenAI, parviendra à briser le monopole de Google ou si ce dernier réussira à s’adapter à cette nouvelle ère technologique. Les consommateurs pourraient enfin bénéficier de véritables alternatives, mais seul le temps dira si ce bouleversement sera suffisant pour redéfinir le paysage de la recherche en ligne.