Alphabet, la maison mère de Google, a enfreint la loi en maintenant un monopole illégal sur la recherche en ligne, a statué lundi un juge fédéra américain. Il s’agit d’une victoire importante pour les autorités antitrust américaines, qui ont engagé plusieurs poursuites contre la domination des géants de la technologie.
Cette décision ouvre la voie à un second procès pour mettre en place des mesures correctives potentielles, y compris la possible scission d’Alphabet. Une telle mesure pourrait transformer le paysage de la publicité en ligne, un domaine où Google règne depuis des années.
La décision est également une victoire pour les régulateurs antitrust américains, qui ont intensifié leurs actions contre les grandes entreprises technologiques. « Le tribunal conclut que Google a une attitude monopolistique et a agi pour maintenir ce monopole », a écrit le juge de district Amit Mehta. Google détient environ 90 % du marché de la recherche en ligne et 95 % sur les smartphones.
Des voies de recours sont ouvertes
Un recours et un appel sont susceptibles d’intervenir, notamment auprès de la Cour suprême des États-Unis. Le litige pourrait se prolonger jusqu’en 2025 ou 2026.
Les actions d’Alphabet ont chuté de 4,3 % lundi, comme cependant la majeure partie des actions technologiques. En 2023, les publicités Google représentaient 77 % des ventes totales d’Alphabet.
Alphabet a annoncé son intention de faire appel de la décision. « Cette décision reconnaît que Google offre le meilleur moteur de recherche, mais conclut que nous ne devrions pas être autorisés à le rendre facilement accessible », a déclaré Google dans un communiqué.
Le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, a qualifié cette décision de « victoire historique pour le peuple américain », affirmant qu' »aucune entreprise, quelle que soit sa taille ou son influence, n’est au-dessus de la loi ».
Comme un air de jurisprudence
Le juge Mehta a noté que Google avait dépensé 26,3 milliards de dollars en 2021 pour s’assurer que son moteur de recherche soit le moteur par défaut sur les smartphones et les navigateurs, maintenant ainsi sa position dominante sur le marché.
« La position par défaut est extrêmement précieuse… Même si un nouvel entrant était capable de rivaliser en termes de qualité, il ne pourrait le faire que s’il était prêt à payer des milliards de dollars aux partenaires », a écrit Mehta.
Il a également mentionné que « Google reconnaît que la perte de cette position par défaut aurait un impact significatif sur ses résultats. Par exemple, la perte de la position par défaut sur Safari entraînerait une baisse notable des requêtes et des milliards de dollars de perte de revenus. »
Cette décision est la première d’une série de cas visant à contester les monopoles présumés des grandes entreprises technologiques. L’affaire a été déposée sous l’administration Trump et jugée entre septembre et novembre.
Evelyn Mitchell-Wolf, analyste principale chez eMarketer, a indiqué qu’un démantèlement forcé de l’activité de recherche d’Alphabet la priverait de sa principale source de revenus. Une procédure judiciaire prolongée pourrait retarder tout effet immédiat pour les consommateurs.
Alphabet n’est pas le seul Gafam visé
Au cours des quatre dernières années, les régulateurs fédéraux antitrust ont également poursuivi Meta Platforms, Amazon.com et Apple, les accusant de maintenir illégalement des monopoles. Une autre affaire contre Google, concernant sa technologie publicitaire, devrait être jugée en septembre.
William Kovacic, professeur à la George Washington University Law School, a déclaré qu’une victoire du ministère de la Justice renforcerait le moral des régulateurs antitrust dans d’autres affaires.
C’est la première fois que le gouvernement américain accuse une grande entreprise d’un monopole illégal. Microsoft avait conclu un accord avec le ministère de la Justice en 2004 concernant des allégations similaires avec son navigateur Internet Explorer.