Alors que la crise entre DAZN et la LFP illustre une fois de plus l’instabilité du modèle économique du football français, une question demeure : pourquoi la Ligue n’a-t-elle toujours pas tiré les leçons de l’affaire Mediapro ? Après l’échec retentissant de l’opérateur espagnol en 2020, la Ligue avait pourtant promis plus de rigueur et de prudence dans l’attribution de ses droits télévisés. Mais une fois encore, elle se retrouve piégée par un diffuseur en difficulté, laissant planer l’ombre d’un manque de vision stratégique à long terme.
Face à ce fiasco répété, un acteur semble se démarquer : Amazon. En récupérant une partie des droits de la Ligue 1 après la déroute de Mediapro, le géant américain a su proposer un modèle stable, sans promesses intenables et avec une stratégie commerciale cohérente. Amazon Prime a démontré qu’un acteur solvable, doté d’une approche digitale et d’une base d’abonnés solide, pouvait offrir une diffusion efficace du championnat. Pourquoi la LFP ne s’est-elle pas inspirée de ce modèle plutôt que de s’engager dans une nouvelle aventure risquée avec DAZN ?
La question de la gestion des droits TV est plus que jamais déterminante. Certains en appellent à la création d’une société tierce chargée de centraliser et négocier ces contrats, à l’image de ce qui existe dans d’autres ligues européennes. Une telle structure pourrait sécuriser les revenus du football professionnel en évitant ces montages financiers précaires et en assurant une gouvernance plus cohérente. Pourtant, cette piste semble avancer à pas de tortue, freinée par des intérêts divergents et une réticence à abandonner un modèle jugé obsolète.
L’instabilité actuelle a des conséquences directes pour les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, qui dépendent largement de ces revenus pour fonctionner. Une nouvelle défaillance d’un diffuseur mettrait en péril la compétitivité des clubs, le financement des centres de formation et la qualité du spectacle offert aux supporters. Si le football français veut assurer son avenir, il est impératif qu’il trouve enfin un modèle de droits TV pérenne, loin des illusions financières et des risques inconsidérés. Le temps des erreurs répétées doit cesser, sous peine de fragiliser définitivement l’économie du football hexagonal.