Les récentes coupures d’accès à internet, commises de manière intentionnelle par des groupuscules émanant de tendances écologistes radicales mais surtout le conflit ukrainien l’ont démontré : l’impact peut être dramatique pour les populations et à bien des niveaux, selon un rapport du HCDH, qui a entendu faire un état des lieux de la situation tant au niveau de l’impact technique en lui-même, que de ses conséquences à un certain nombre de niveaux sur la vie de l’individu, droits de l’homme et liberté d’expression inclus.
Le HCDH définit en premier lieu la notion de coupure et la ramène soit à la privation d’accès à certaines plateformes de communication, comme à la limitation de la bande passante, ou bien encore un accès à des technologies antérieures en ce qui concerne la téléphonie mobile, ce qui ne permet pas ou mal d’utiliser la data.
En tout et pour tout, sur 5 années, 931 coupures ont eu lieu et ont été répertoriées sur 74 pays, certaines l’ayant été de manière purement politique, de manière répétitive et/ ou sur un certain nombre de jours voire de semaines, stigmatisant ainsi la véritable « situation des droits de l’Homme » dans ces Nations.
Le contexte politique tient une place d’importance et 225 coupures ont eu lieu avec des situations de tension, des manifestations ou bien encore des conflits armés en toile de fond, ce qui souligne le caractère prépondérant des moyens de communication dans leur déroulement.
« Dans 228 des cas de coupure enregistrés par des groupes de la société civile dans 55 pays […], la justification officielle était inconnue », précise par ailleurs le rapport rendu, avec du côté des pays pointés du doigt, le maintien à leur bénéfice, de prérogatives d’ordre public souvent liées à la sécurité, à la sûreté publique, la lutte contre la propagation de l’incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence, ou la lutte contre la désinformation, soit des notions somme toute assez personnelles et souvent soumises à des adaptations en raison du contexte.
A contrario, c’est plutôt le sentiment inverse qui est ressenti par les populations, dès qu’elles sont coupées du monde pour une raison indépendante de leur volonté et à la merci d’un Etat qui les maintient isolées et sans le moindre contact à l’extérieur.
D’autant que ces situations ont également un effet négatif sur l’économie, le commerce et l’industrie, eux-aussi en impactés.
Le réseau et son maintien, arme redoutable de manipulation des populations par certains Etat.
« Les coupures ont pour effet de creuser les fossés numériques entre les pays et en leur sein », pointe du doigt ce rapport, qui enjoint les Etats à maintenir la connexion de ses citoyens, comme aux entreprises de maintenir coûte que coûte ces dernières face aux abus si ceux-ci devaient survenir .
« Les coupures de l’accès à Internet sont apparues alors que le monde numérique est devenu de plus en plus important, voire essentiel, pour la réalisation de nombreux droits de l’homme. De telles coupures causent des dommages incalculables, tant sur le plan matériel que sur celui des droits de l’homme », a indiqué Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
« Quand un État coupe l’accès à Internet, la population et les économies en souffrent. Les coûts en termes d’emploi, d’éducation, de santé et de participation politique dépassent presque toujours les avantages espérés. »
« Ce rapport met clairement en évidence le fait qu’une action rapide est nécessaire pour mettre fin aux coupures, notamment en faisant connaître davantage leurs effets, en demandant une plus grande transparence de la part des entreprises concernées, et en veillant à ce que nous défendions tous la connectivité contre les interruptions auto-imposées », clôture-t-il.