Le paysage audiovisuel français s’apprête à connaître un bouleversement de taille. Le Conseil d’État a définitivement validé l’exclusion de C8 et NRJ 12 de la TNT, scellant ainsi leur sort après plusieurs mois de bras de fer juridique. Dès le 1er mars, ces deux chaînes ne seront plus accessibles via la télévision numérique terrestre, mettant fin à une présence historique pour C8 et à une aventure mouvementée pour NRJ 12.
Une sanction aux fondements assumés
Ce verdict confirme la décision prise par l’Arcom en décembre dernier, qui avait motivé son choix par des manquements récurrents à la régulation audiovisuelle. C8, souvent critiquée pour ses débordements éditoriaux et des mises en garde répétées concernant sa gestion de l’antenne, n’a pas su convaincre les instances. Quant à NRJ 12, c’est son absence de renouvellement et une grille largement dominée par des rediffusions qui lui ont coûté sa place.
Face à cette décision, les avocats des deux chaînes avaient plaidé en faveur de leur maintien, mettant en avant leur rentabilité et leur ancrage dans le paysage médiatique. En vain. Le Conseil d’État a estimé que l’Arcom avait pleinement exercé son rôle de régulateur en redistribuant les fréquences aux nouveaux entrants, jugés plus pertinents dans leur proposition de contenus.
Les nouvelles chaînes en embuscade
Les fréquences libérées par C8 et NRJ 12 profitent désormais à d’autres acteurs du paysage audiovisuel. CMI TV, OFTV, ainsi que des chaînes bien établies comme TFX, TMC et W9 ont été retenues pour occuper ces créneaux stratégiques. L’instance régulatrice a ainsi validé leur projet sur des critères de qualité éditoriale et de diversité des contenus, mettant en avant des offres jugées plus adaptées aux attentes du public.
Canal+ vent debout contre une décision inédite
Le groupe Canal+, propriétaire de C8, ne cache pas son indignation face à cette exclusion. Dans un communiqué au ton virulent, il dénonce un précédent sans équivalent dans l’histoire de la TNT, soulignant que C8 rassemblait quotidiennement 9 millions de téléspectateurs cumulés et s’imposait comme la première chaîne de la TNT.
Au-delà du choc médiatique, cette décision a aussi des répercussions économiques et sociales. Canal+ alerte sur les conséquences directes de cette éviction : près de 400 collaborateurs et prestataires voient leur emploi menacé. Le groupe s’interroge également sur la logique de l’Arcom, pointant du doigt l’existence de quatre fréquences disponiblesqui auraient pu permettre une issue moins radicale.
Un précédent aux implications lourdes
Cette affaire pose plusieurs questions majeures pour l’avenir de l’audiovisuel français. L’autorité de régulation prend ici une décision forte, envoyant un signal clair aux chaînes sur l’importance du respect des obligations éditoriales et de l’innovation dans les grilles de programmation. D’autres chaînes pourraient-elles être concernées à l’avenir ? Ce verdict ouvre une brèche inédite, où l’attribution des fréquences TNT devient un enjeu plus que jamais stratégique.
Derrière ce combat juridique, c’est tout l’écosystème des médias qui retient son souffle. La TNT, autrefois bastion de la télévision gratuite, est-elle en passe de devenir un terrain de sélection plus drastique ? Une chose est certaine : la disparition de C8 et NRJ 12 de la grille marque une rupture dans l’histoire de la télévision française.