C’est effectivement une période un peu étrange pour Amazon, qui surfe sur le succès de ses programmes via son service Prime et les commandes en ligne en raison du confinement, mais qui se trouve confronté à quelques résistances. Et pas des moindres.
En premier lieu, le refus par le Ministère du Travail, en France, d’une demande émise par Amazon visant à placer une partie de ses salariés en chômage partiel, ainsi que cela est possible depuis le début de la crise sanitaire.
Une demande mal prise par les instances gouvernementales car consécutive à l’arrêt depuis maintenant presque trois semaines, du fonctionnement des entrepôts du groupe sur le territoire national en raison de la décision rendue par le Tribunal de grande instance de Nanterre mettant en exergue un défaut de respect à l’obligation de sécurité vis-à-vis des salariés.
Un nouveau bras de fer engagé entre Amazon et l’administration française.
Pour mémoire, cette décision confirmée par la suite par la Cour d’Appel de Paris, imposait au groupe, d’évaluer les risques liés au Covid-19 et réduisait la capacité de commander sur son site internet, uniquement un panel de produits jugés essentiels.
Une fermeture jugée préférable au maintien des salariés dans des conditions acceptables selon les syndicats, qui a semble-t-il courroucé le Ministère du Travail, mais pas seulement, puisque Tim Bray, l’un des bras droits de Jeff Bezos et accessoirement l’un des vice-présidents de son groupe, s’est fendu d’une tribune peu flatteuse révélée ce matin par NextInpact.
Le pamphlet dénonce ni plus ni moins, avec force et vigueur les conditions de travail vécues par les salariés concernés et qui révélerait un « esprit de toxicité qui traverse la culture de l’entreprise » selon ses propres termes. « Je ne choisis ni de servir ni de boire ce poison » achève-t-il.
Jeff Bezos largement vainqueur mais des salariés et des actionnaires pénalisés
Si la fortune de Jeff Bezos a fait un bond spectaculaire grâce à la crise sanitaire, celle de ses actionnaires ne va pas connaître la même situation.
Ce dernier a en effet prévenu : l’intégralité des bénéfices dégagés durant la crise va devoir être réaffectée à la sécurité des salariés sur site, pour éviter tout risque de contagion.
Les actionnaires, sont donc avertis. Soit l’entreprise sortira bénéficiaire d’1, 5 milliard de dollars, soit en perdre autant, déficitaire d’autant.
Un comble pour une société tentaculaire qui place une partie de ses employés en chômage partiel sur un territoire donné tout en procédant à l’embauche de pas moins de 175 000 salariés supplémentaires.
L’incongruité de la situation a du déplaire fortement au Ministère comme elle n’a pas rencontré de vif succès auprès des syndicats, qui dénoncent un caractère « indécent » de leur côté.
« Une réunion est prévue avec le Comité social et économique central de l’entreprise mardi 5 mai. Parmi les points à l’ordre du jour figure le projet de prolongation de la suspension des opérations des centres de distribution d’Amazon jusqu’au vendredi 8 mai inclus » a communiqué le groupe.
Le résultat de cette réunion est attendu avec impatience par les syndicats, qui ne cachent désormais plus leur grogne.
Une période bien étrange pour Amazon.