Avec l’officialisation de l’arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile, une question majeure se pose. Free Mobile bénéficiera, pendant les six premières années, d’un accord d’itinérance GSM (2G) obligatoire garanti par sa licence. Seulement voilà : qui, d’Orange, SFR, ou Bouygues Telecom, acceptera de pactiser avec le trublion ?
Ceux qui ont, pendant tant d’années, tenté d’empêcher l’arrivée de Free sur le secteur, devront bientôt contribuer à la mise en place de son offre. L’Arcep accorde en effet un accord d’itinérance GSM à Free, dès lors que celui-ci est parvenu à couvrir 25% de la population avec son propre réseau 3G. Et ce pour une durée de six ans.
On sait que Free a déjà approché Orange, sans même attendre d’avoir obtenu la licence. Si tout les différencie, en théorie, un accord entre les deux n’est pas à exclure. Orange affiche une politique relativement ouverte à l’égard des MVNO, peut-être en sera-t-il de même à l’égard du nouvel entrant ?
SFR paraît également plausible. Si les déclarations de dirigeants au sein du groupe Vivendi ont de quoi refroidir, Free et SFR se trouvent pourtant régulièrement des points communs dans d’autres secteurs… notamment sur le terrain de la fibre optique où ils font régulièrement front commun contre les prises de position de France Telecom / Orange.
Bouygues Telecom semble moins probable… d’une part, le groupe Bouygues a toujours affiché une antipathie prononcée pour Free ; de l’autre, il n’est pas très réputé pour ses accords (notamment avec les MVNO). Les analystes considèrent pourtant que ce serait le choix le plus « logique » : en tant que troisème opérateur, disposant de plus de capacité libre, Bouygues court moins le risque de voir son réseau saturé et « cannibalisé » par l’arrivée des clients Free.
Dans le cas où aucun accord ne serait trouvé, Free n’exclut pas de faire appel à l’Arcep pour faire entendre ses droits. Néanmoins, il est plus probable qu’il n’envisage cette solution qu’en dernier recours ; cela ne ferait que retarder le déploiement de son réseau, de procédures en procédures… aujourd’hui, nombreux sont les analystes à penser que Free tentera de séduire les opérateurs de manière plus pragmatique : avec un gros contrat. Et l’opération est juteuse, pour le moins : le contrat d’itinérance pourrait peser entre 100 et 200 millions d’euros par an.
Enfin, tant qu’à collaborer, autant que ce soit dans une bonne entente. C’est ce que semble penser Free, qui souhaite même dans son dossier de candidature que cet accord d’itinérance puisse se prolonger au-delà des 6 années obligatoires, d’un commun accord entre les deux parties.
Source : Nouvel Obs’ / Reuters