Le magazine Enjeux Les Echos de septembre consacre un dossier complet à la candidature potentielle de Free à la quatrième licence 3G de téléphonie mobile.
Ce n’est plus un scoop pour personne, l’arrivée possible de Free sur le terrain du mobile déplaît énormément aux trois opérateurs en place. En témoignent, les nombreuses interviews des représentants d’Orange, SFR et Bouygues Telecom à ce sujet, mais également les menaces de plainte à la Commission européenne régulièrement distribuées par ces derniers.
Du coup, l’article publié dans Enjeux fait état d’un « Tout sauf Free » dans les sphères de la téléphonie mobile. La réputation d’Iliad fait tache et « Xavier Niel, fondateur et principal propriétaire du groupe, excelle à jouer au vilain petit canard. C’est presque son positionnement marketing. »
Et la journaliste de s’interroger : « pourquoi [les opérateurs en place] craindraient-ils la concurrence, puisque la France est, selon eux, l’un des pays européens les moins chers en la matière ? » Il est vrai qu’on retrouve régulièrement ce paradoxe dans les discours des responsables (un simple exemple avec J.-B. Lévy de Vivendi). A priori, un secteur plus concurrentiel devrait réjouir tout le monde. Mais les Trois Grands opérateurs en place semblent penser qu’avec Niel à sa tête, le nouvel arrivant pourrait être un peu… trop compétitif.
L’article insiste donc et enfonce le clou sur les défaillances du discours « officiel » du trio de la téléphonie mobile française en termes de tarification : « selon l’étude de l’Idate pour l’Afom [l’association française des opérateurs mobiles, ndlr], la France se situe dans la fourchette basse des cinq grands pays européens. Mais cette moyenne est très affectée par les gros consommateurs, qui bénéficient des tarifs les plus attractifs. L’étude du régulateur finlandais Ficora différencie quatre types de consommateurs (petits, moyens, gros et utilisateurs Internet mobile). La France y arrive toujours en queue de peloton. »
Attention cependant, selon Maxime Lombardini (DG de Free), « nous n’allons pas créer un nouveau marché, comme nous l’avons fait avec la Freebox ». Une précision qui a son importance sur un marché presque entièrement saturé, car si Free vient à commercialiser un forfait mobile illimité à 30€ par mois comme beaucoup le pensent, cela ne concernera qu’une certaine clientèle, pas les plus petits consommateurs. Ces derniers pourront peut-être, cependant, bénéficier indirectement de l’arrivée de Free sur le secteur, qui pourrait bien entraîner une chute globale des prix chez tous les opérateurs.
On reste tout de même en droit de se demander pourquoi, au lieu de vanter la compétitivité (toute relative) de leurs offres, la concurrence ne profite pas de sa longueur d’avance pour se préparer à l’arrivée possible de Free. Bouygues Telecom a déjà timidement commencé avec Ideo, son forfait quadruple play (internet + TV + téléphone fixe et mobile). Dans le cas où Free viendrait à décrocher la licence, une offre commerciale ne devrait pas voir le jour avant 2012. Peut-être qu’en attendant, les trois opérateurs se décideront enfin à se mener une guerre des prix… une vraie.
Source : Enjeux Les Echos (sept. 09)