Les régulateurs européens préparent une nouvelle offensive contre Google, accusé de ne pas respecter la Loi sur les Marchés Numériques (DMA). Malgré les ajustements apportés à ses résultats de recherche, le géant de la tech n’aurait pas répondu aux exigences de la Commission européenne ni aux préoccupations de ses concurrents. Résultat : Bruxelles pourrait bientôt formaliser une nouvelle accusation contre Alphabet, renforçant ainsi la pression sur les pratiques anticoncurrentielles des Big Tech.
Google favorise-t-il ses services au détriment des concurrents ?
Depuis mars 2023, la Commission européenne enquête sur les pratiques de Google en matière de recherche en ligne. L’objectif ? Déterminer si le moteur de recherche favorise indûment ses propres services verticaux, comme Google Shopping, Google Flights ou Google Hotels, au détriment d’acteurs indépendants.
Selon plusieurs sources proches du dossier relatées par l’Agence Reuters, les modifications proposées par Google pour se conformer à la réglementation n’auraient pas satisfait les régulateurs. En d’autres termes, la firme de Mountain View est soupçonnée de continuer à donner un avantage à ses propres produits, malgré des tentatives de rééquilibrage.
La stratégie défensive de Google : un dialogue de sourds ?
Face aux critiques, Google défend son modèle et rejette les accusations de favoritisme. Dans un article de blog datant de décembre, Oliver Bethell, directeur de la concurrence EMEA chez Google, a assuré que l’entreprise travaillait à une solution équilibrée avec la Commission européenne.
Toutefois, les concessions proposées ont été jugées insuffisantes. L’une des menaces brandies par Google pour contourner les exigences du DMA est de supprimer certaines fonctionnalités avancées et de revenir à une interface plus basique, avec des liens bleus classiques dans les résultats de recherche. Cette approche a été mal reçue par les autorités, qui considèrent qu’il s’agit d’une tentative d’intimidation plutôt qu’une réelle volonté d’ouverture.
Un conflit qui dépasse le continent européen
L’affrontement entre Google et Bruxelles ne se joue pas uniquement sur le terrain juridique. Il s’inscrit dans un contexte de tensions transatlantiques, où les États-Unis défendent leurs géants technologiques face aux régulations européennes de plus en plus strictes.
L’ancien président Donald Trump s’était rangé du côté des Big Tech, dénonçant les sanctions européennes comme une forme de protectionnisme déguisé visant à affaiblir les entreprises américaines. Cette posture a mis une pression supplémentaire sur la Commission européenne, certains craignant que Bruxelles ne s’atténue sous la pression géopolitique.
Des sanctions potentielles colossales
La Loi sur les Marchés Numériques (DMA) impose des règles strictes aux géants du numérique, leur interdisant notamment de favoriser leurs propres produits et services au détriment de la concurrence. Si Google est reconnu coupable de manquement à cette législation, il pourrait écoper d’une amende pouvant atteindre 10 % de son chiffre d’affaires annuel mondial.
Avec plus de 280 milliards de dollars de revenus en 2023, une telle sanction pourrait représenter un montant dépassant les 28 milliards de dollars. Une somme astronomique, qui s’ajouterait aux multiples amendes déjà infligées par l’UE à Google ces dernières années pour abus de position dominante.
Quel impact pour l’écosystème du numérique ?
Si Bruxelles poursuit Google pour non-respect du DMA, cela pourrait ouvrir la voie à d’autres sanctions contre les Big Tech. Meta, Amazon, Apple et Microsoft sont également scrutés de près par la Commission européenne, qui cherche à endiguer la domination des plateformes sur l’économie numérique.
Cette nouvelle bataille illustre la montée en puissance des régulations européennes face aux dérives des géants du numérique. Si Google est contraint de modifier en profondeur son moteur de recherche, cela pourrait redéfinir le marché du référencement et offrir plus de visibilité aux acteurs indépendants.
Reste à voir si la Commission européenne tiendra tête à Google jusqu’au bout, ou si le géant américain parviendra une fois encore à repousser l’application des règles à coups de négociations et de concessions minimales. La prochaine décision de Bruxelles sera déterminante pour l’avenir de la régulation des Big Tech en Europe.