Les avancées de Google dans le domaine de l’informatique quantique pourraient accélérer bien plus rapidement qu’on ne l’imagine l’émergence d’applications commerciales concrètes. Alors que Jensen Huang, PDG de Nvidia, évalue à une vingtaine d’années l’arrivée de la “révolution quantique”, Hartmut Neven, fondateur et responsable de la division Quantum AI chez Google, affiche une vision nettement plus optimiste. Il affirme qu’en cinq ans seulement, nous pourrions déjà bénéficier de solutions rendues possibles exclusivement par l’informatique quantique.
Une révolution technique pour des applications concrètes
Les applications évoquées par Google concernent la science des matériaux, avec la perspective de concevoir des batteries plus performantes pour les véhicules électriques, ou encore la mise au point de nouveaux médicaments et de possibles alternatives énergétiques.
Depuis des décennies, les chercheurs théorisent des machines capables de dépasser de milliers de fois la puissance des ordinateurs classiques, grâce au recours aux “qubits” – des unités de calcul pouvant représenter plusieurs valeurs simultanément.
La promesse est simple : lever des barrières computationnelles considérées comme infranchissables. Les gouvernements, les acteurs du monde de la finance ou les industriels de la santé surveillent de près ces travaux, conscients qu’une informatique quantique opérationnelle chamboulerait de nombreux secteurs, de la cybersécurité à l’intelligence artificielle.
Une trajectoire accélérée, à l’image de l’IA
Le parallèle avec l’intelligence artificielle est instructif. Avant l’arrivée de ChatGPT, peu de gens percevaient la puissance de l’IA en dehors du cercle des spécialistes. Désormais, ses usages se multiplient, jusqu’à bouleverser notre quotidien. L’informatique quantique se trouve à un stade comparable : discrètement, les laboratoires et entreprises spécialisées engrangent des progrès majeurs, en attendant le déclic qui la rendra indispensable.
Google travaille sur cette technologie depuis 2012 et a déjà conçu plusieurs puces quantiques. Certaines démonstrations ont permis de résoudre en quelques minutes des problèmes qui auraient nécessité, sur des machines classiques, une durée supérieure à l’histoire de l’univers. En décembre, l’entreprise a annoncé avoir surmonté un défi critique, suscitant un réel engouement. Toutefois, lorsque Jensen Huang de Nvidia a déclaré que les systèmes quantiques commercialement viables n’arriveraient sans doute pas avant deux décennies, la valeur de plusieurs sociétés actives dans ce domaine a brutalement chuté en Bourse.
Le défi de la simulation quantique
Dans un article récemment publié dans la revue scientifique Nature, les chercheurs de Google décrivent une nouvelle méthode de simulation quantique. Il s’agit d’une avancée supplémentaire vers l’objectif énoncé par Hartmut Neven : prouver que, dans moins d’un lustre, cette technologie produira des résultats impossible à atteindre autrement.
Au-delà des recherches de Google, la concurrence reste vive. Des laboratoires privés et publics, partout dans le monde, se disputent les records de qubits et la mise au point d’algorithmes toujours plus efficaces. Néanmoins, c’est la première fois que l’on voit un acteur majeur tenir un discours aussi ambitieux sur la disponibilité de solutions concrètes dans un délai aussi court.
Si cette prédiction se réalise, nous pourrions bientôt utiliser de nouveaux matériaux plus écologiques pour la mobilité électrique, développer plus rapidement des traitements médicaux ou concevoir des formes d’énergie plus propres. D’ici là, la bataille pour la suprématie quantique ne fait que commencer.