Une proposition de loi visant à réformer l’audiovisuel public fait son retour à l’Assemblée nationale. Inscrite à l’ordre du jour pour le 17 décembre prochain, cette mesure, qui suscite à la fois soutien et opposition, reflète des enjeux majeurs pour l’organisation et le financement de ce secteur clé.
Un texte relancé après plusieurs reports
La conférence des présidents de l’Assemblée nationale a décidé de réexaminer ce texte, déjà adopté par le Sénat en juin 2023. Portée par Laurent Lafon, sénateur du groupe Union centriste, cette proposition de loi devait initialement être débattue sous la précédente législature en juin dernier, mais la dissolution de l’Assemblée nationale et un calendrier législatif chargé avaient repoussé son étude.
France Médias : une nouvelle architecture pour l’audiovisuel public
La mesure phare de cette réforme prévoit la création d’une holding baptisée France Médias, qui regrouperait quatre entités majeures de l’audiovisuel public :
- France Télévisions,
- Radio France,
- France Médias Monde (RFI et France 24),
- L’Institut national de l’audiovisuel (Ina).
Avec un budget initialement estimé à 4 milliards d’euros, ce projet entendrait centraliser les ressources et les moyens des différentes entités, afin de mutualiser les efforts tout en clarifiant leur gouvernance. Néanmoins, le précédent gouvernement avait laissé entendre que France Médias Monde pourrait être exclue du dispositif, face à la complexité de son rôle international.
Un projet qui divise profondément
Si le gouvernement, par l’intermédiaire de la ministre de la Culture Rachida Dati, a tenté de rassurer en affirmant qu’il n’y aurait pas d’uniformisation des métiers et des activités, les oppositions politiques et syndicales restent vives :
- À gauche, le texte est combattu avec vigueur, notamment pour ses implications potentielles sur les emplois et les budgets alloués aux différentes entités. Les syndicats redoutent une rationalisation à outrance qui pourrait entraîner des suppressions de postes.
- Le Rassemblement National (RN), en revanche, soutient plutôt la réforme, voyant dans ce regroupement une opportunité de clarifier les missions du service public et d’en réduire les coûts.
Une opposition syndicale déterminée
Les syndicats du secteur avaient déjà exprimé leur opposition en mai dernier, déclenchant un mouvement de grève massif. Ils dénoncent des risques de réduction des moyens financiers et humains pour l’audiovisuel public, qui emploie environ 16 000 salariés. Les grévistes avaient alors mis en avant leur inquiétude face à une réforme perçue comme une menace pour la diversité et la qualité des contenus.
Une question vitale pour l’avenir de l’audiovisuel public
Le projet de loi intervient alors que les modèles de financement de l’audiovisuel public sont remis en question, notamment après la suppression de la redevance audiovisuelle. La création de France Médias pourrait, selon ses défenseurs, offrir une réponse structurante pour faire face aux nouveaux défis du numérique et de la concurrence internationale.
Un commentaire
petite rectification : Le RN ne soutiens absolument pas la réforme en l’état. il a posé plusieurs lignes rouge comme notamment la sortie de la holding de l’audiovisuel extérieur (FMM), le plafonnement des ressources publicitaires linéaires et digitales de l’audiovisuel public, ainsi que le maintient de la partie II du texte concernant l’audiovisuel privé.