OpenAI, la firme à l’origine de ChatGPT, continue de s’imposer comme un acteur majeur dans le secteur de l’intelligence artificielle (IA) générative. Mercredi, elle a annoncé avoir levé 6,6 milliards de dollars lors d’un nouveau tour de table, valorisant ainsi l’entreprise à 157 milliards de dollars. Cette levée propulse OpenAI parmi les trois plus grandes start-up non cotées au monde, aux côtés de SpaceX (d’Elon Musk) et ByteDance, propriétaire de TikTok.
Une progression fulgurante pour OpenAI
Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, OpenAI n’a cessé de capter l’attention du monde entier, devenant une référence incontournable dans le domaine de l’IA générative. Aujourd’hui, plus de 250 millions de personnes à travers le monde utilisent ChatGPT chaque semaine pour améliorer leur travail, leur créativité ou encore leur apprentissage.
Avec cette levée de fonds, OpenAI renforce son statut de pilier technologique. La société de capital-risque Thrive Capital a mené le tour de table, avec Microsoft, déjà très impliqué dans OpenAI, ayant injecté 13 milliards de dollars. Nvidia, un autre acteur clé de l’IA générative grâce à ses puces spécialisées, figurait également parmi les noms évoqués pour investir. Apple, pourtant utilisateur des modèles d’OpenAI dans ses nouveaux systèmes d’IA, s’est finalement retiré des négociations selon le Wall Street Journal.
OpenAI : moteur d’une révolution IA
La société a lancé une véritable révolution dans le domaine de l’IA générative avec ChatGPT, une technologie permettant de produire du contenu à partir de simples instructions en langage naturel. Depuis lors, de nombreux géants de la technologie tels que Microsoft, Google et Meta se sont lancés dans la course, développant des outils similaires dans le but d’assister les utilisateurs dans diverses tâches, allant de la rédaction de messages à l’organisation de leurs emails, ou encore à la création artistique.
La dernière levée de fonds intervient dans un contexte de forte croissance pour OpenAI, mais aussi d’importants débats concernant les impacts de l’IA générative sur la société. L’entreprise a récemment lancé un nouveau modèle, l’o1, conçu pour être capable de mieux raisonner et organiser des « chaînes de pensées » avant de répondre. Bien que ce modèle soit un premier pas vers une IA plus autonome, il reste coûteux et moins performant que GPT-4 dans certaines tâches.
Des tensions internes et des défis à venir
Malgré son succès technologique, OpenAI a traversé des turbulences internes. En novembre 2023, le conseil d’administration a brièvement limogé Sam Altman, le cofondateur et PDG d’OpenAI, l’accusant de manquer de transparence et de négliger les questions de sécurité. Ce renvoi a provoqué une vague de soutien massive en faveur d’Altman, tant de la part des employés que de Microsoft, ce qui a conduit à son retour rapide à la tête de l’entreprise.
Cependant, plusieurs départs au sein de la direction ont suivi cette crise. Ilya Sutskever, cofondateur et scientifique en chef, ainsi que Jan Leike, responsable de la gestion des risques liés à l’IA, ont quitté la société. John Schulman, autre cofondateur, et Greg Brockman, le président, ont également pris du recul, tandis que Mira Murati, directrice technologique, a récemment démissionné. Ces bouleversements soulèvent des questions quant à l’avenir de la gouvernance d’OpenAI.
Vers une transformation en « public benefit corporation » ?
OpenAI envisage désormais de devenir une société à but lucratif. Initialement, la start-up avait une structure à but non lucratif, fidèle à sa mission de créer des IA au service de l’humanité, favorisant la science ouverte. Cependant, depuis l’entrée de Microsoft dans son capital en 2019, OpenAI a pris un tournant commercial, provoquant des tensions internes. Ces divergences ont notamment mené à la création d’Anthropic, un concurrent d’OpenAI fondé par d’anciens cadres.
Au regard de cette situation, OpenAI pourrait adopter le statut de « public benefit corporation » (société d’utilité publique), une structure hybride où l’entreprise reste axée sur le bien commun tout en étant autorisée à générer des bénéfices. Ce changement permettrait à OpenAI de concilier ses objectifs de rentabilité avec ses engagements éthiques. Sam Altman serait en discussion pour obtenir 7 % du capital de cette nouvelle entité, alors qu’il ne détenait jusqu’ici aucune participation directe dans l’entreprise.
Ce tournant représenterait une évolution logique pour une entreprise qui, tout en étant à l’avant-garde de l’IA, doit répondre à des préoccupations croissantes en matière de responsabilité sociale et de durabilité.
Une nouvelle ère pour l’IA
Avec une valorisation record et des technologies toujours plus innovantes, OpenAI s’affirme comme le leader incontesté de l’IA générative. Cependant, des défis importants subsistent, qu’il s’agisse des tensions internes ou des questions éthiques liées à l’impact des IA sur la société. L’adoption du statut de société d’utilité publique pourrait bien être le prochain grand chapitre de cette start-up, qui s’efforce de faire en sorte que l’intelligence artificielle profite à toute l’humanité.