Free nous explique les difficultés auxquelles il se retrouve confronté dans un contexte économique et géopolitique défavorable.
Dans le cadre de la journée des communautés Free 2022, Xavier Niel, fondateur de Free, et Thomas Reynaud, DG d’Iliad, ont accepté de revenir avec nous sur les difficultés auxquelles la marque doit faire face. Alors que Free Mobile a fait la promesse de ne pas augmenter le prix de ses forfaits pour au moins les cinq prochaines années, l’inflation au-delà des 5%, les pénuries en micro-électronique, et même la guerre en Ukraine sont autant de difficultés — dont le grand public n’a pas toujours pleinement conscience.
Les migrations Freebox directement touchées
Les abonnés en attente de migration vers la Freebox Pop le savent bien ; Free semble avoir du mal à disposer de stocks suffisants pour répondre à la demande. Bien connue depuis quelques années, la pénurie de composants électroniques n’est qu’une partie de l’explication, nous explique Thomas Reynaud. L’acheminement de box et de composants a également été affecté par la coupure de voies ferroviaires en Europe de l’Est, conséquence directe du conflit ukrainien en cours.
Free ayant privilégié quasi-exclusivement l’acheminement ferroviaire ces dernières années, il a fallu mettre en œuvre d’autres solutions : le fret maritime, plus lent et plus coûteux, mais également même l’aérien, auquel Free n’avait plus fait appel depuis longtemps.
La situation est épineuse pour l’opérateur, qui est le seul en France à assembler ses propres box. Heureusement, il peut compter sur un parc bien vivace de Freebox Mini 4K et de Freebox Révolution toujours en service, remises en état et réinjectées auprès des nouveaux abonnés à ces offres (même si un pourcentage significatif de boîtiers ne sont plus remis en circulation, en raison de leur vieillissement, nous précise-t-on).
Toutefois, “on pense que fin 2022, tout sera réglé”, positive Xavier Niel.
Des coûts énergétiques qui poussent à s’adapter
L’inflation des coûts de l’électricité représente un véritable problème, tant pour les abonnés que pour l’opérateur. Free y répond de différentes façons. Tout d’abord, en poursuivant ses efforts sur le bilan énergétique de ses box ; la Freebox Pop a été présentée comme un grand progrès en ce sens, puisque sa consommation énergétique moyenne est affichée à 40% de moins que ses prédécesseurs, la Freebox Mini 4K ou la Freebox Révolution.
Mais les réseaux fixe et mobile représentent toujours des consommateurs voraces d’énergie. Un certain nombre de stratégies permettent d’y répondre : utilisation d’équipements réseau de dernière génération, moins énergivores ; ou encore procédés de refroidissement optimisés et innovants dans les datacenters.
Bertrand Fiévet, responsable de l’exploitation radio du groupe, nous glisse par ailleurs que l’extinction optimisée de certaines cellules 4G la nuit (de minuit à 5h du matin), sur les antennes Free Mobile, a présenté des résultats plus que satisfaisants en termes de sobriété énergétique. Depuis peu, ce comportement a été généralisé sur un certain nombre de cellules 3G, 4G, et 5G sur les fréquences élevées (1800, 2100, 3700 MHz…) la nuit, permettant d’économiser “de 5 à 10% de la consommation électrique” sur le réseau tout en conservant les fréquences basses, plus couvrantes. Un choix a priori transparent pour l’utilisateur, puisque les cellules sont immédiatement réactivées lorsque cela est nécessaire, en cas de trafic nocturne important.
Un modèle économique à repenser
L’inflation entraîne des coûts supplémentaires pour l’opérateur, mais également des changements de consommation pour les abonnés, auxquels il faut répondre. C’est le cas, par exemple, avec l’option “booster” récemment dévoilée pour le forfait Free Mobile 2€.
Il s’agit d’une réponse simple à une équation économique complexe, nous a expliqué Xavier Niel : combler une demande récurrente des abonnés, qui regrettaient l’absence d’un forfait “intermédiaire” chez Free, sans pour autant augmenter le prix du forfait à 0/2 €. En ce sens, cette option est présentée comme “évolutive” et pourrait être amenée à muter en fonction de la demande.
C’est un modèle entier qui est à repenser dans un contexte difficile. Pour l’ensemble du groupe, le pari est le suivant : faire en sorte que la croissance soit au moins équivalente à l’inflation, soit 5%.