C’est hier soir, au terme d’un « échange d’une heure et trente minutes » que le droit d’agrément revendiqué par le Pôle d’Indépendance des journalistes du Monde, aurait été signé par Xavier Niel et Matthieu Pigasse, mettant un terme à la discorde qui animait ces derniers jours l’actionnariat du quotidien.
Un accord dont s’est bien évidemment félicité le pôle d’indépendance qui précise au sein d’un article publié hier soir, que Xavier Niel et Mattieu Pigasse ont « signé, avec le pôle d’indépendance, un document établissant irrévocablement les termes et les conditions du droit d’agrément, qui devient donc effectif à compter de ce jour », n’excluant pas le projet de « réflexion sur la création d’une fondation » soumis par le fondateur de Free.
Le droit d’agrément, clé de voûte d’un équilibre fragile et de l’indépendance des journalistes.
Ce droit d’agrément confère au pôle d’indépendance, au pôle d’indépendance, la capacité de refuser l’entrée d’un nouvel actionnaire de contrôle sous réserve qu’il puisse trouver dans un délai fixé à 6 mois, un repreneur de substitution.
Aux termes de cet accord, un prix plancher fixé pour ce repreneur, qui ne puisse pas descendre en dessous des investissements réalisés par Matthieu Pigasse au sein du quotidien, soit 57 millions d’euros depuis 2010.
L’intérêt de la signature de ce droit d’agrément pour Xavier Niel et le pôle d’indépendance : faire barrage à Daniel Kretinsky, milliardaire tchèque, d’ores et déjà à Matthieu Pigasse dans sa holding le Nouveau Monde et soupçonné de vouloir entrer dans le capital du quotidien pour des raisons stratégiques aisément envisageables s’agissant d’un quotidien ayant pignon sur rue.
Cette situation, par l’acquisition de parts supplémentaires auprès du groupe espagnol Prisa en cours de négociations par le duo Pigasse / Kretinsky, aurait placé Xavier Niel en difficulté face à ce dernier, dès lors qu’il aurait été majoritaire au sein du Groupe si cette procédure de droit d’agrément avait été évincée.
La solution du transfert de capital vers une fondation, toujours à l’étude.
C’est Xavier Niel qui avait posé cette solution sur la table, alors que Matthieu Pigasse amorçait une sortie de crise, proposant dans la foulée la création d’une fondation basée sur le modèle du Guardian et hébergeant l’ensemble du Groupe de presse et il entend évoquer cette solution dès le 3 octobre prochain dans le cadre du conseil de surveillance qui doit avoir lieu.
« Avec une fondation, les actionnaires n’auront plus la possibilité de donner une valeur marchande à leurs actions. L’actionnariat du Groupe Le Monde sera figé. Mais il nous reste le devoir de bien gérer le groupe » a déclaré Xavier Niel au Figaro, dans un entretien commun.
Si Matthieu Pigasse semblait réticent à la mise en place de cette solution car le délestant d’une somme difficilement acquise, il semblerait qu’elle soit toujours d’actualité.
Une sortie de crise salutaire pour tout le monde.