Au hasard d’une campagne présidentielle…
La Hadopi publie un document revenant, « un an et demi après son lancement », sur les conséquences de son arrivée sur le téléchargement illégal en peer-to-peer. Une compilation d’études à la gloire de la Haute autorité, mais pour le moins biaisée…
Dans ce document, elle annonce un « net recul du téléchargement illégal en France » en piochant les chiffres affichés dans différentes études précédemment menées par l’IFPI/Nielsen, Mediametrie/NetRatings, TMG ou encore Peer Media Technologies… dont les méthodologies demeurent obscures au mieux, ou totalement inconnues pour la plupart.
L’audience de système peer-to-peer étant difficile à évaluer par nature, la plupart de ces observations se basent sur des « sondages » ou des « sondes logicielles » installées chez des panels de volontaires. On peut dès lors contester les résultats de telles méthodes “user-centric”.
Autre méthode mise en œuvre, notamment par TMG et Peer Media Technologies : la surveillance de quelques œuvres (généralement « quelques centaines ») sélectionnées partagées sur les réseaux P2P. L’observation du nombre de partages de ces fichiers sur une certaine période est ensuite extrapolée pour les besoins de l’étude. Là encore, la fiabilité d’une telle méthode laisse à désirer…
En basant ses conclusions presque exclusivement sur le partage d’œuvres via les réseaux P2P, la Hadopi néglige volontairement le transfert probable des utilisateurs vers les sites de téléchargement direct et de streaming. Pour la Haute autorité, un « report important des usages sur les services de streaming et de téléchargement direct n’est pas démontré ».
La seule page du rapport consacrée à ces moyens de téléchargement se fonde sur une étude Mediametrie/NetRatings, basée sur un panel de 25 000 internautes volontaires, là encore sans avertir de la fiabilité douteuse de tels chiffres. Comparant les audiences mesurées d’un certain nombre de sites de téléchargement et d’annuaires populaires, la Hadopi voit une « stabilité dans les usages » entre 2010 et 2011.
Suite à cette présentation de résultats à l’intention visiblement bien orientée, la Hadopi conclut sur quelques chiffres tentant de démontrer la progression des offres légales : une « stabilisation globale de l’offre, marquée de quelques belles progressions », affirme l’Autorité, qui se base sur l’audience des offres les plus populaires du genre.
Un succès qui ne semble pas si évident que cela, au vu des statistiques : si certains sites enregistrent une belle progression, d’autres enregistrent également de nettes pertes d’audience. En l’absence de tout chiffre de ventes, il est également difficile d’en tirer de vraies conclusions, notamment sur des services proposant également du streaming gratuit comme Deezer ou Spotify. Le bilan positif qu’en tire la Haute autorité semble, au mieux, un peu forcé ou hâtif…
Le document complet est disponible au téléchargement sur le site officiel de l’Hadopi.