Le groupe de télévision payante milite auprès du CNC pour une évolution de la chronologie des médias en France, avec pour objectif avoué de réduire le délai entre la sortie d’un film en salles et son arrivée sur une plateforme de SVOD (vidéo à la demande par abonnement).
Lors d’une réunion présidée par le CNC et regroupant plusieurs acteurs du secteur, vendredi, Canal+ a défendu un projet en faveur de la sortie de films en SVOD, 22 mois après leur sortie en salles (actuellement, le délai est fixé à 36 mois). Tous les films ne seraient pas concernés par cette réforme : seuls les films « d’art et d’essai, non préfinancés par une chaîne de télévision, et sortis sur moins de 30 copies » profiteraient de cette disponibilité plus rapide. En 2010, on comptabilisait 113 films (dont 23 français) répondant à cette définition, sur un total de 579 sortis en salle.
Cette réforme mineure, défendue par la SACD et l’ARP (sociétés de représentation des auteurs), permettrait à Canal+ de proposer une offre sensiblement plus attractive sur sa propre plateforme de SVOD, Canalplay Infinity, lancée en octobre 2011.
Néanmoins, le groupe se heurte à la résistance des chaînes : TF1, M6 et Arte, notamment, font bloc contre ce projet, qui permettrait à la SVOD de diffuser les films concernés au même moment que leur passage en télévision gratuite. Bien que TF1 et M6 ne figurent pas parmi les plus importants diffuseurs de cinéma d’art et d’essai, cette opposition pourrait venir contrarier les plans de Canal+… D’autres organismes de représentation des producteurs (le SPI, l’APC et l’UPF) ne s’opposent pas au projet, mais réclament une participation supplémentaire des éditeurs de SVOD, sous forme de préfinancement des œuvres.
Quoi qu’il en soit, le cadre réglementaire français a bien du mal à évoluer face à des acteurs frileux. Une proposition d’Orange, consistant à permettre une disponibilité de certains films en VOD (à l’acte) dès leur sortie en salles, a ainsi été rejetée sans surprises, pour préserver l’exclusivité de la première diffusion aux exploitants des salles de cinéma. Plus modeste, la proposition de Canal+ aura peut-être ses chances…
Source : Les Échos